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Sur le toit de l'Arche de La Défense, un espace entièrement consacré au photojournalisme

Houssine Bouchama
Directeur de la rédaction, Time Out Paris
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Il était temps. Temps que la France et Paris en particulier rectifient une anomalie : celle de n’avoir aucun espace dédié au photojournalisme - cette pratique qui combine série de photos et texte journalistique. Réjouissons-nous, depuis juin dernier cette époque est révolue. Un temple de la photo campe sur le toit de l’Arche de la Défense, surplombant les costards et les attachés case en contre-bas. Pour y accéder, et après avoir dépensé 15 € tout de même, vous devez emprunter une navette direction le 35e étage, à plus de 100 mètres d’altitude. Et là, c’est le choc : le spot maousse, dont les murs en béton brut sont recouverts de tirages alignés en rang d’oignon, s’étend sur 1 200 mètres carrés. Rien que ça.

En tout, il aura fallu deux ans de travaux pour finaliser le lieu. L’Arche, projet phare de Mitterrand, qui appartient à l’Etat et à d’autres groupes privés (La Caisse des Dépôts, Axa, etc.), avait dû fermer à cause de la vétusté de ses ascenseurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à sa réouverture on ne s’attendait pas à y découvrir un espace aussi ambitieux et engagé. « C’est une grande grande chance », se réjouit Jean-François Leroy, à l’origine du festival sudiste Visa pour l’image, et nommé directeur artistique de L’Arche du Photojournalisme. « Je trouve qu’on n'en fait pas assez avec cette pratique, il y a beaucoup d’espaces photo, et on s’en réjouit, mais le photojournalisme est un peu le parent pauvre… » 

« A chaque fois qu'on ouvre un espace photo, on fait une expo Capa, Cartier-Bresson etc. Nous, on ne veut pas faire ça. »

Pour inaugurer le lieu, ledit bonhomme a fait appel à l’Américaine Stéphanie Sinclair qui, après avoir traversé le monde (Afghanistan, Ethiopie, Inde, Etats-Unis…), nous présente une enquête sur les mariages forcés de jeunes filles mineures. Elle nous raconte au fil des images l’horreur et le quotidien de ces gamines défigurées, mutilées, mères à 15 ans ou esclaves domestiques partout dans le monde. Un travail bouleversant qu’il fallait absolument présenter à Paris. « C’était très facile de choisir Stéphanie Sinclair. Déjà à cause de son engagement, c’est une photographe qui a consacré quinze ans de sa vie à ce thème, et elle continue ; mais aussi car c’est une problématique - les mariages forcés - dont on parle jamais assez, et parce qu’en dehors de chez moi, à Perpignan, son boulot n’a jamais été exploré en France. »

© Stéphanie Sinclair

Exposer des artistes qui se font rares en France, c’est justement l’axe fixé par Leroy. « A chaque fois qu'on ouvre un espace photo, on fait une expo Capa, Cartier-Bresson, etc. Nous on ne veut pas faire ça, on veut du journalisme vivant qui n’a pas été assez montré à Paris. » C’est la raison pour laquelle Eugene Richards, très engagé également et qui traite de problématiques sociétales et économiques sur divers continents en proie à des difficultés (notamment l’Afrique et l’Amérique), succédera à Sinclair. Et que le grand public ne connaît que trop peu : « Cela fait vingt-ans qu’il n’a pas été exposé en France. Vous rendez-vous compte ? » Suffisant pour suivre de près les expos à raison de quatre par an. Et en espérant que le prix congelant (15 € l’ascenseur plus 4 € l’expo,) ne refroidisse pas l’enthousiasme des visiteurs.

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