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"Teen Spirit" ou quand l’éducation sexuelle passe par YouTube

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Une web-série qui parle intelligemment de sexe aux ados (et aux autres)

Les moins jeunes d’entre nous (soit les trentenaires bien sonnés que l’acné et un appareil dentaire défiguraient vers le début des années 1990) se souviennent sans doute de l’émission "Lovin’Fun", animée alors par « le Doc » Christian Spitz et Difool sur Fun Radio. Attendez, ne riez pas (ou pas tout de suite) : à l’époque, la fréquence 101.9, en plus d’avoir le bon goût de se trouver juste après Nova, diffusait en masse des titres de Rage Against The Machine, des Beastie Boys ou de Nirvana… et vous expliquait le merveilleux concept du cunnilingus, à l’heure où vos parents vous croyaient en train de réviser ce putain de théorème de Thalès, dont l’intérêt immédiat ne semblait, alors, pas franchement évident ! Bref, c’était effectivement une autre époque.

Rappelons qu’Internet existait alors à peine et qu’on mettait environ trois heures à télécharger illégalement un album de Beck. Autant dire que s’informer sur la sexualité avait des airs de parcours du combattant, hors de ces fameux cours de SVT où l’on apprenait maladroitement à enfiler un préservatif sur un légume oblong rescapé de la cantine. Bref, l’émission de Fun Radio (au doux slogan « sexe, capotes et rock’n’roll ») représentait pour beaucoup, à l’époque, une salutaire bouée de sauvetage permettant de comprendre que le corps change, qu’il se met à sécréter des trucs étonnants – et que décidément, « non, ce n’est pas sale ».

Bon. Après ces deux paragraphes passablement complaisants et emplis de nostalgie aznavourienne, venons-en donc au fait ! Et à aujourd’hui. Fin 2016. Entre omniprésence de la pornographie bas de gamme (merci, Jacquie et Michel...) et retour politique à un « ordre moral » ultra-réac. Entre sextos et harcèlement de rue, plans cul et asexualité, homophobie et sexcams. Bref, 2016. Le gros bordel. Où, paradoxalement, si le sexe n’a sans doute jamais été aussi présent sur le plan médiatique (essentiellement grâce à Internet), certains préjugés restent tenaces. Méconnaissance du sida, culpabilisation relative à certaines pratiques sexuelles ou croyance qu’on peut tomber enceinte après une fellation, le refrain est connu : sur Internet, on trouve de tout, y compris un paquet de conneries.

C’est donc là qu’intervient Teen Spirit, web-série suisse romande dont la première saison (dix épisodes d’environ quatre minutes chacun) est disponible sur Youtube depuis le 30 novembre dernier. Malines et légères, ces pastilles en ligne destinées aux ados – mais intéressantes pour tous – ont un ton à la fois familier et précis, ludique et instructif. Surtout, elles réussissent à capter les grands thèmes de la sexualité dans un esprit joliment contemporain. La puissance du clitoris, les phrases à éviter pour pécho, les IST, les selfies dénudés, le porno ou la dictature de l’épilation pubienne : les sujets touchent à tout avec humour et finesse, portés par le charmant et drôle de duo Soumeya Ferro-Luzzi et Virgile Popote, concepteurs de la web-série avec le réalisateur Arthur Touchais et la productrice Sophie Sallin. Une jolie réussite, à découvrir au plus vite !

     

Voir toutes les vidéos sur la chaîne Youtube de Teen Spirit

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