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Une soirée jeu de piste et concept party pour les Jeudis Arty

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Cette année, il y avait de nombreux changements au programme de la neuvième édition des Jeudis Arty. La fameuse nocturne des galeries du Marais, qui devient désormais annuelle, avait notamment étendu son offre de visites (et les tarifs de celles-ci). De même qu’elle avait enrichi sa collaboration avec des lieux inédits comme le Maif Social Club, la galerie Thomas Bernard et la galerie Les Filles du Calvaire, mais également avec des adresses du quartier où se restaurer à moindres frais sur présentation de son guide-programme des Jeudis Arty. Face à tant de nouveautés, il n’en fallait pas plus pour titiller notre curiosité et notre envie de tester ce projet repensé.

Baskets aux pieds et stylo en main, nous avons rendez-vous à 18h45 au Carreau – temple attitré et point de ralliement de l’événement Jeudis Arty depuis ses premières veillées. Inscrit à la nouvelle visite intitulée « Ceci n’est pas une chasse au trésor », nous récupérons le livret, imaginé par l’association culturelle Papotart, nécessaire pour mener à bien notre parcours artistique en autonomie – à faire en trio, en duo ou en solo.

© Fernando Javier Urquijo

Il est 19h, top départ ! Direction la rue Perrée, virtuellement épaulé de Louise qui nous lance sur les pas d’un mystérieux contact. Un artiste pour le moment anonyme semant sur notre route des indices et des messages à déchiffrer.

A force de marcher, nous arrivons à notre première étape : la rue Volta, où s’établit la galerie Brugier-Rigail. Spécialisé dans le street art, l’endroit expose d’ailleurs certaines des plus importantes têtes d’affiche du genre tels JonOne, Miss.Tic, Jérôme Mesnager ou encore M. Chat. Une bière à la main, on se délecte donc de cette superbe ‘Collection d’art urbain’, de Shepard Fairey alias Obey à L’Atlas et MonkeyBird. Et on réfléchit aux questions existentielles que nous pose le fascicule comme : quels sont les artistes que l’on préfère et pourquoi ? Que représente le street art pour nous ? Etc.

© DR/ M. Chat

Après une grosse demi-heure de contemplation, nous reprenons notre périple aux abords du musée des Arts et Métiers et, pourvu d’un sens de l’orientation particulièrement développé, nous réussissons à nous perdre au niveau de la rue Saint-Martin. Un détour qui, finalement, nous permet d’admirer les œuvres de street art que nous n’avions pas remarquées avant de subir cette bénéfique lobotomie à la galerie Brugier-Rigail.

Revenu dans le droit chemin prescrit par Louise, nous débouchons sur la petite rue Chapon. Cette artère discrète est à l’art ce que la rue de la Soif est aux bars. Galerie Linz, galerie Zürcher, Inbetween Art Gallery… Vous n’avez que l’embarras du choix ! Nous, sur les recommandations écrites de Louise, nous nous dirigeons vers la galerie Tokonoma. Là, sont accrochées une petite dizaine de toiles de l’artiste Brann Renaud. Ce diplômé des Beaux-Arts, avec qui nous engageons un petit brin de conversation autour d’un verre de vin et de chips suintant sous la chaleur de juin, présente un univers pictural intense, dans tous les sens du terme. 

Intensément colorés, intensément figuratifs (l’homme fait partie du mouvement de figuration narrative contemporaine, attention !) et intensément perturbants, ses tableaux, représentant presque essentiellement des femmes, jouent avec l’ambiguïté et la perception. On croit déceler du Magritte dans son surréalisme et beaucoup d’ingéniosité dans sa façon de déconstruire des scènes du quotidien banales. A l’image de cette demoiselle en kimono, lascive et scindée en plusieurs petites toiles rassemblées, à la manière d’un pousse-pousse. Ou, plus morbide, de cet enfant se renversant un sceau de sable sur la tête et laissant deviner, en filigrane, un crâne sans chair. Des œuvres qui nous happent tant et si bien qu’on en oublierait presque de remplir le livret de questions !

© Brann Renaud

Halte à présent à la Lebenson, partenaire des Jeudi Arty depuis les origines du projet. Située juste en face de la Tokonoma, elle accueille actuellement en son sein le solo-show du Coréen Lee Sol. Enfin, solo-show… Seules quatre réalisations de l’artiste y sont exposées : plutôt léger. Heureusement, notre déception se voit contrebalancée par une adhésion à ce style atypique, entre la peinture de Chirico et le Photoshop, où des statues grecques, de Vénus à David, baignent dans des paysages teintés de nuances acidulées, de nacarat à fuchsia. Le monde de Barbie sous LSD, en somme…

© Lee Sol

Une fois lassé de voir la vie en rose bonbon, nous remontons la rue Chapon jusqu’au numéro 23 et sa galerie Mi*, toujours escortée d’un astérisque. Ici, Soliman Lopez donnait une performance de son art numérique mais, dommage, comme nous nous sommes perdu tout à l'heure, on l'a raté nous annonce-t-on à l’entrée. Tant pis, ou tant mieux… Car en déambulant parmi les œuvres de l’artiste, qu’on confond parfois avec le mobilier des lieux, on peine à accrocher à la finalité du projet. La carte mémoire exposée nous donne l’impression d’un ready-made sans intérêt ni conviction, le procédé de prise de vue en instantané du ciel via Celeste nous semble bien terre-à-terre et la collecte de nos data par Bioma apparaît comme une perte de temps en plus d’être un gâchis de papier. 

Et notre morosité ne s’arrange pas puisque, malgré tous nos efforts et les indices délivrés par le livret, nous ne parvenons pas à trouver l’identité du correspondant mystère. Scrogneugneu ! (quoi ? Les jurons désuets sont à la mode, non ?)

La Galerie Mi*
© Galerie Mi*

Notre quête achevée, ou presque, nous retournons au Carreau du Temple où une ambassadrice – autre nom des médiateurs des Jeudis Arty – nous attend pour débriefer. Avec elle, nous partageons notre expérience et notre avis sur les différentes expositions traversées, offrant une belle diversité de médiums et de styles. Nous lui faisons part de nos coups de cœur et de nos déconvenues, notamment sur Soliman Lopez. Un débat constructif s’engage alors sur l’intention de l’artiste, sur l’apport du numérique dans l’art et la liberté d’inexpression de certaines productions : et si le but du travail de Soliman Lopez n’était pas tout bonnement pas de susciter l’incompréhension ou la consternation pour nous amener à la discussion ?

Puis nous avouons avec honte ne pas avoir su mettre de nom sur l’artiste à découvrir. Notre voisine, qui a fait le même parcours mais seule de son côté, nous confie avoir cherché sur Internet pour trouver Roman Opalka, peintre et photographe franco-polonais adepte de l’art conceptuel qui a fait de la captation évolutive du temps sur son physique l’œuvre de sa vie. Une « triche » astucieuse qui lui vaudra de repartir avec un badge et pas nous…

© C.Gaillard

Pour nous consoler, nous quittons les canapés du rez-de-chaussée pour les banquettes de l’étage, où une exposition du collectif Diamètre se tient. Le plasticien Mehdi Besnainou et les scénographes-designers Marion Flament et Jimme Cloo y reproduisent une forêt artificielle, faite de bambous et de néons, s’accompagnant de performances sonores et corporelles. Un jardin onirique où se poser et reposer ses pieds après ce trek urbain – bien que nous ayons choisi la balade la plus courte.

'Des bruits qui courent' du collectif Diamètre.
© C.Gaillard

© C.Gaillard

Pour finir, parce que la marche ça creuse, nous décidons de profiter des réductions permises par les Jeudis Arty à la crêperie Gigi. Soit une bolée de cidre fermier offerte avec notre galette « complète ». Puis, requinqué et motivé par cette promenade nocturne, nous décidons de rentrer à pied par les bords de Seine, le nez en l’air, à l’affût de la moindre œuvre d’art dans l’espace urbain. Oh, tiens, M. Chat !

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