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Installé depuis des années en plein cœur de la capitale, le squat artistique situé au 59 rue de Rivoli est bien connu, mais questionne toujours. Sa déco murale post-carnaval change au gré du vent et des envies de ses occupants. Les murs ornés de cerceaux bleu vif nous attirent. Allez, on entre ! Pour en savoir plus sur le lieu, il faut aller au 4e étage, à la rencontre de Francesco Bouhbal. Entre le va-et-vient des Parisiens et des touristes qui tourbillonnent dans les escaliers, on grimpe les marches recouvertes de peinture pour atteindre l'artiste, performeur et cofondateur du lieu.
Peux-tu nous expliquer la genèse du lieu ?
Tout a commencé en novembre 1989. L’immeuble était complètement abandonné et il appartenait au Crédit Lyonnais. On était quelques amis à squatter des immeubles pour en faire des ateliers. Parce qu'à Paris pour se loger, c’est la croix et la bannière. Alors pour avoir un atelier, c’est encore pire. On squattait donc des immeubles pour les ouvrir au public et faire en sorte que tout le monde puisse les visiter. Ca désacralise un peu l’art car à chaque fois que tu vois de la peinture, c’est toujours dans les institutions ou dans les galeries. On voulait vraiment un lieu qui soit ouvert au public, qu’il n’y ait pas de cloisons entre les artistes, qu’il y ait une circulation. Donc on a squatté plusieurs lieux dans Paris, puis à chaque fois on se faisait expulser car c’était toujours sans droit ni titre. Et puis on est arrivés ici il y a 15 ans, et on n’est jamais partis.
Parle-nous des artistes qui viennent ici.
Il y a une trentaine d’ateliers, les artistes y travaillent et exposent en même temps. Pour les « vraies » expositions (qui changent toutes les deux semaines), on a une galerie. La plupart du temps, ce sont des collectifs d’artistes qui l'investissent. L’atelier est pratique mais trop petit. On avait vraiment besoin de libérer un espace pour exposer sans jugement. Ici, on n’est pas dans une galerie où on te dit : « Non, ton travail ne va pas. » Tout le monde peut exposer, tout dépend de l’ordre d’arrivée. Parfois, tu tombes sur quelqu’un d’hyper connu qui expose et la semaine d’après tu as des petits étudiants qui font leur première expo.
Comment tu t'organises dans ton atelier ?
Mon atelier, c’est mon espace de travail et il a bien changé ! J’aime bien peindre au sol et je fais souvent des portraits mais une enfant est passée et m’a dit que je devrais faire des choses simples comme des sphères. Du coup, j’ai commencé à peindre des cercles colorés au sol. Il faut écouter les enfants, ils sont plus forts que nous !
Francesco Bouhbal en pleine action
J'ai tellement de toiles que certaines sont cachées alors je mets les anciennes de côté pour essayer d’en faire des nouvelles.
Trésors cachés et enroulés
Pourquoi le portrait ?
Parce que j’ai toujours préféré les humains aux objets. Je peins principalement des femmes car je sais d’où je viens : du même endroit que 100 % de la population mondiale. J’ai souvent croisé des personnes dans ma vie qui m’ont dit : « Oh tu sais moi, je sais d’où je viens ! » Je répondais : « Oui moi aussi, du ventre de ma mère, comme tout le monde ! »
Les visiteurs ne troublent-ils pas la concentration des artistes ?
Non, au contraire ! On aime bien les rencontres. Elles sont souvent riches et nous donnent de l’inspiration. Et puis le but, c’est vraiment que ce soit un lieu où les visiteurs voient comment se passe la création.
En résumé, le 59 Rivoli s'étend sur 6 étages dédiés à l'art, où la proximité avec les œuvres et leurs créateurs est l'un des principes fondateurs. Chaque atelier offre une immersion dans un univers artistique singulier. C'est coloré, remarquable et gratuit ! Et comme le précise Francesco avant de nous quitter : « On a squatté ces murs pour en faire un lieu d'art ouvert à tous. » Alors foncez !
Quoi ? • 59 Rivoli.
Quand ? • Du mardi au dimanche, de 13h à 20h.
Où ? • Au 59 rue de Rivoli, Paris 1er.
Combien ? Entrée libre.