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Beaucoup de gens ont découvert pour la première fois Nicolas Ker, complètement saoul, sur le plateau d'"On n'est pas couché", l'émission de Laurent Ruquier sur France 2. Dommage, car le chanteur de Poni Hoax (entre autres) méritait de faire la une des gazettes pour de plus nobles raisons. Samedi 11 juin au soir à la télévision, Ker a présenté son superbe album solo, 'Les Faubourgs de l'exil', avec son habituelle folie, mélangée à quelques verres de trop. La séquence dure huit minutes et s'ouvre sur un gadin (« Aïe !!! Hé, j'tombe ! »), avant de verser dans une forme de malaise devant l'état d'ébriété de cet invité un peu spécial.
Pourtant, ce que raconte Nicolas Ker n'est pas totalement stupide. « Même si j'ai la diction un peu pâteuse, avoue-t-il soudain, il me semble quand même que je dis des choses intéressantes. » Et c'est vrai. Le chanteur met à nu sans gêne son mal de vivre et sa timidité, sur un plateau où les discours sont si souvent contrôlés, les images lissées. Quand Léa Salamé lui tend un mauvais piège en demandant ce qu'il pense des gens qui sont « dans la ligne » (sous-entendu, les gens normaux), il répond joliment : « Je ne juge personne, j'aime tout le monde. »
A Time Out, nous avons déjà pu prendre la mesure du personnage il y a quatre ans lors d'une interview déambulatoire dans Paris, où l'on avait suivi Nicolas Ker dans le Quartier latin. Il nous confiait alors : « J'aime pas le bordel, en fait. Si j'écris un truc, c'est du bordel, c'est du délire, parce que j'écris à moitié ivre. C'est taré et tout, mais après je reviens toujours dessus pour l'harmoniser. C'est comme des scansions mathématiques. » La discussion avait fini par se poursuivre pendant une soirée entière avec toute l'équipe de Time Out Paris autour d'une bière (ou plus), c'est dire si l'homme est attachant malgré tout.