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'Vinyl', la nouvelle série de Martin Scorsese et Mick Jagger baigne dans le rock

Houssine Bouchama
Directeur de la rédaction, Time Out Paris
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New York, 1973. Une voiture clinquante est stationnée dans une ruelle sombre de la Big Apple. A l’intérieur, un homme en veste de cuir marron tremblote et sue, une bouteille de whisky à la main. Nerveux, le gus réclame cinq grammes de coke. « T’es flic ? », le questionne-t-on. Sûrement pas : « Je bosse dans la musique. » Un rail plus tard, il pénètre dans un club sordide où les seringues côtoient les looks excentriques. A sa gauche, une fellation. Au fond, les New York Dolls jouent le titre "Stranded in the Jungle" face à une foule déchaînée. Lui, immobile, l’air ébahi, s’imprègne de musique rock. En cinq minutes, la dernière série de HBO reprend tous les codes du fameux slogan « Sex, drugs and rock ’n’ roll ». Produit par Mick Jagger et Martin Scorsese – qui réalise l’épisode pilote –, ‘Vinyl’ nous plonge dans le quotidien de Richie Finestra (Bobby Cannavale), producteur de musique à la vie tumultueuse, tiraillé entre la défonce, sa famille et son label qui périclite.

Quinze ans, c’est le temps qu’il aura fallu au leader des Stones pour vendre ce projet. D’abord imaginée comme un film de trois heures, l’œuvre est devenue série après l’intervention de HBO. Seule condition pour Jagger ? Que Scorsese soit impliqué. Il faut dire que les deux se connaissant bien : le premier nourrit les B.O. du réalisateur, le second a mis en scène les Stones dans le docu ‘Shine a Light’. Et alors qu’on n’a pu voir que le premier épisode (presque deux heures tout de même), le résultat est carrément bluffant.

Scorsese y dépeint avec réalisme et brio le New York délabré des seventies. Plus que du rock, on y croise tous les courants de l’époque, du blues à la soul en passant par l’émergence du disco et du punk. Le tout avec des guests de prestige qui se côtoient : Andy Warhol, les Velvet, David Bowie ou encore un Robert Plant jeune, dont la ressemblance avec le vrai est plus que douteuse.

Autour de Finestra, le réalisateur mué en créateur de série reprend les thèmes phares de son cinéma : rédemption, famille, grandeur et décadence. Il faut dire qu’après avoir grimpé les échelons, le producteur, fabuleusement interprété, tente de refourguer son label aux Allemands de Polydor. Et malgré les promesses à sa femme (Olivia Wilde), l’homme ne peut se soustraire à sa passion (le rock 'n' roll) et à la décadence (la coke, omniprésente). Le tout est filmé à un rythme effréné, oscillant aisément entre comédie et drame. 'Vinyl' nous embarque dans les couloirs des maisons de disques jusqu’aux villas XXL, les scènes étant entrecoupées d’interludes musicaux avec une B.O. cinq étoiles. On reconnaît immédiatement la patte scorsésienne, notamment la photographie impeccable, la mise en scène léchée, les travellings en slow motion ou les séquences presque poétiques rappelant 'Taxi Driver'.

Et si les répliques et le scénario nous régalent, on s’interroge tout de même sur la suite de la série. Le scénariste, Terence Winter ('Les Soprano'), habitué à bosser au côté du maître new-yorkais (notamment sur le 'Loup de Wall Street'), n’est pas franchement réputé pour tenir sur la durée. On pense à la série 'Boardwalk Empire', dont l’intrigue manquait parfois d’aplomb. En tout cas, on souhaite que l’ombre de Scorsese plane sur les épisodes suivants. Comme une drogue dure, le premier épisode nous a rendu accro.

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