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Visite guidée du Shakirail, un lieu unique à Paris

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Les initiés le savent : rue Riquet, au bout du joli pont aux grilles bleues qui passe au-dessus des voies de la gare de l'Est, une porte fermée recèle un beau trésor. Ici, les anciens vestiaires et locaux de formation de la SNCF se sont transformés peu à peu en ateliers d'artistes, deux bâtiments de 600 et 800 m2 conventionnés par le collectif Curry Vavart depuis 2011. Face aux rails et aux tours de l'avenue de Flandre, une bande de joyeux lurons travaillent le bois, le métal, la poterie, les arts plastiques, le théâtre, la musique ou la mécanique dans un grand bordel plutôt bien organisé. Guitariste et chanteur du Riquet Jug Band, François nous a ouvert les portes des lieux et offert une petite visite guidée.

Chaque pièce est donc dédiée à une activité artistique ou manuelle. Pas question de tirer au flanc, tous les habitants du Shakirail possèdent une spécialité et profitent des talents des autres. Au rez-de-chaussée, on cisaille, on coupe, on cloue, on colle, on scotche, on assemble, tandis qu'à l'étage, les membres du collectif ont fabriqué eux-mêmes une salle de théâtre, qui sert à la fois pour les représentations et pour les projections de films faits maison. Plus loin, bienvenue dans la bibliothèque, dont la porte est scellée par un cadenas. Les livres, seul bien protégé du Shakirail ? « C'est juste que les gens qui passent ici empruntent souvent des livres, commente François, mais ils ne pensent pas toujours à les ramener. Alors on a trouvé cette solution. »

Un aperçu de la bibliothèque

Dans le second bâtiment, nous découvrons une salle de répétition, un garage abritant des vélos customisés tous plus étonnants les uns que les autres, et une cuisine incroyable. Pendant que nous coupons les tomates cœur de bœuf pour le déjeuner, François fabrique une mayo maison du tonnerre et nous explique qu'il vient répéter ici pour son groupe de blues/jazz, mais qu'il n'hésite pas à faire le mécano pour le collectif. « L'année dernière, j'ai traversé la moitié de l'Afrique en camion, lance-t-il comme d'autres évoquent leur sortie du week-end. La mécanique, c'est un peu mon premier métier, alors je file un coup de main. »

Armés de saladiers et d'une poêle à frire emplie de ratatouille, nous sortons dans le jardin. Longeant les voies que nous apercevons en contrebas, celui-ci vaut le coup d'œil. Diverses petites terrasses de fortune ont été aménagées un peu partout, et un bar a même été improvisé dans un chemin de buissons. Tout au bout de la parcelle, Glenn, le percussionniste du Riquet Jug Band, nous montre les ruches que possède le Shakirail pour faire son miel, lorsqu'une femme brave les ronces pour nous surprendre : « Je cherche les Amap, c'est ici ? », demande-t-elle. Chaque mois, le collectif Percheron organise en effet au Shakirail une livraison de paniers bio issus d'agriculteurs situés dans le Perche.

Nous déjeunons finalement sur la table de ping-pong, à l'ombre des arbres et à côté d'une baignoire (qui sert encore), d'un parasol orange et de petits fanions tibétains de toutes les couleurs. Le paradis ? « L'été, oui ! confirme François. L'hiver, c'est parfois plus difficile, et la vie en communauté nécessite de faire des compromis, rien de grave au final. De toute façon, c'est un endroit génial, on se croirait n'importe où sauf à Paris. A partir du mois de juin, il y a moins d'activité, mais le reste de l'année nous organisons des concerts, des projections et pas mal d'autres événements réservés aux membres de l'association. » Si vous n'êtes pas membre, pas de panique, des portes ouvertes sont régulièrement organisées pour visiter les lieux. le Shakirail ? Une vraie bombe latine.

 

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