Voici un lieu hybride, construit comme un trait d’union entre l’islam et la culture qui l’entoure. Une première en France. La loi de 1905 qui interdit la subvention publique des cultes rend effectivement difficile la cohabitation entre religion et art à l’intérieur des mêmes espaces. Pourtant, à l’Institut des Cultures d’Islam, coincée entre deux niveaux consacrés aux expositions, est venue se loger une salle de prière.
Evidemment, c’est avec précaution que la Mairie de Paris a dû mener ce drôle de navire. Il aura fallu trouver des acteurs extérieurs pour financer l’espace religieux et assumer ses frais de fonctionnement. C’est la Société des habous et lieux saints de l'islam, une association liée à la Grande Mosquée de Paris qui a alors répondu présente, contribuant ainsi à alléger, sans la résorber, la pénurie de lieux de culte pour les musulmans parisiens. Le pari était risqué et les détracteurs nombreux, mais le projet aura finalement vu le jour, sur les trottoirs cosmopolites de la Goutte d’Or.
L’ambition de cet Institut ? Créer un dialogue, favoriser les échanges entre la population de Barbès, les fidèles et les amateurs d’art. Construire des ponts donc, mais aussi faire prendre conscience de l’existence d’une identité. Qu’elle soit musulmane, ou simplement liée à ce quartier multiculturel et bouillonnant.
De très belles expositions ont donc été mises en place, un hammam est également installé au sous-sol et plusieurs conférences, brunchs littéraires et visites guidées sont organisés. Il faut que la culture passe, il faut que les échanges se vivent. La tâche de l’ICI n’est pas simple, mais tous les éléments semblent réunis pour mener à bien cette délicate mission.
Une annexe du lieu, située rue Léon, accueille elle aussi de nombreux projets culturels, en plus d'héberger un chaleureux café associatif où l'on peut manger d'excellents petits plats pour pas grand chose.
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