Pionnière de la danse hip-hop en France, Bintou Dembélé est celle qui a fait entrer la danse urbaine à l’Opéra de Paris en 2020 en chorégraphiant l’opéra-ballet de Clément Cogitore, Les Indes galantes. Pour démarrer l’année 2024, le musée du quai Branly - Jacques Chirac l’invite à prendre les rênes de sa programmation le temps de deux weekends, les 10 et 11 puis les 17 et 18 février. Elle proposera une traversée plurielle du musée sous forme de manifeste pour explorer la question queer au-delà de la vision occidentale. Pour tenter de comprendre comment se vit la queerness dans les Suds (“ceux des villages, des zones, des périphéries, du bled, de la forêt amazonienne”), des artistes et performeurs ouvriront le débat par la parole, et surtout par le geste. Voici trois moments à ne pas manquer.
Tom Na Fazenda, de Rodrigo Portella
Adaptée au cinéma par Xavier Dolan en 2013, la pièce Tom à la ferme du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard est aujourd’hui mise en scène dans le monde entier. Et l’une des plus réussies est brésilienne, de l’avis de l’auteur lui-même. Ici, l’histoire de Tom, qui, après la mort de son amant, se rend pour la première fois chez sa belle-famille – qui ignore tout de son homosexualité –, se déroule sur un plateau couvert de boue, dans une esthétique brute et transgressive. Impossible d’en sortir indemne. A voir le samedi 10 février au théâtre Claude Lévi-Strauss.
Rite de passage – Solo II, de Bintou Dembélé
Présenté à la dernière édition du Festival d’Automne, ce solo est avant tout un mouvement de liberté. Interprété par le danseur Michel “Meech” Onomo, ce rite de passage est une traduction poétique et chorégraphique du marronnage, qui désigne la fuite des esclaves pendant la période coloniale pour échapper à la servitude. Aujourd’hui, ce terme s’applique à la pratique artistique : une danse marronne, c’est une danse qui s’affranchit des carcans imposés par l’institution. Une ode au lâcher-prise à voir les dimanches 11 et 18 février, sur la scène du théâtre Lévi-Strauss au Quai Branly.
Legacy, de Nadia Beugré
Inspirée de la marche des femmes sur Grand-Bassam en 1949, moment clé de résistance dans la lutte pour l’indépendance ivoirienne, cette pièce est la première création pour plusieurs danseurs de Nadia Beugré, en 2015. Treize danseuses, dont la chorégraphe elle-même, réactivent sur scène cette mémoire collective, souvent oubliée des livres d’histoire. C’est une marche, ou plutôt une course, une célébration de l’émancipation, un appel à la transgression par la nudité et le travestissement, encore tabous aujourd’hui. Deux représentations sont prévues le samedi 17 février. A ne pas manquer !