Sur le grand boulevard du « quartier rouge » parisien, noyée dans le magma moite des devantures de Pigalle, une vitrine croustillante happe le regard. Parmi un amoncellement d’objets lubriques, une grosse langue tournicote lascivement sur une chaise, comme pour provoquer le passant et lui faire signe d’entrer (et de s’asseoir, ce qui est moins recommandable). Bienvenue au musée de l’Erotisme, avec ses sept étages de grivoiseries réunies par les collectionneurs Alain Plumey et Joseph Khalifa. Réunies ? Disons plutôt entassées à la manière des scènes d’un porno médiocre : scénographie chaotique, éclairage vaseux, musique de fond mielleuse… Pour y prendre plaisir, il ne faut pas avoir peur du désordre.
Les premières étapes du parcours traversent plusieurs siècles d’art érotique sacré, voguant libidineusement entre poteries phalliques du Pérou, symboles de fertilité étrusques et sculptures yoni népalaises. Au deuxième, place à l’histoire des maisons closes du vieux Paris, avec ses photographies et ses documents d’archives, son ambiance de boudoir et son lointain parfum de souvenirs aphrodisiaques. Les derniers étages, récemment rénovés, exposent quant à eux une panoplie de « curiosa », cette forme d’art populaire vouée à dédramatiser les tabous en célébrant la sexualité sous le prisme de l’humour, de la satire et de la badinerie. L’art érotique moderne et contemporain y est également à l’honneur, sonnant le point d’orgue d’une visite parfaitement profane.
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