Pendant les Années folles, le 6, impasse de la Défense abritait une salle de bal, un cabaret et un « hôtel d’amour » où les foules égrillardes du 18e arrondissement venaient se trémousser sur des airs d’accordéon. Puis, au batifolage de la guinguette d’Isis succède la folie du jeu : après la Seconde Guerre mondiale, le vaste bâtiment enfoui derrière la place de Clichy devient le plus grand PMU de France. Ce n’est qu’en 2006 que la Ville de Paris remet ces lieux de loisirs et de débauche dans le droit chemin pour en faire un espace de réflexion, d’exposition, de production et de dialogue voué à l’image documentaire.
Analyser le réel dans toute sa complexité, bousculer les perceptions, esquisser l’histoire des temps présents, multiplier les approches visuelles… A travers ses expos, ses spectacles, ses débats, ses projections et son programme pédagogique ambitieux, le BAL s’échine à cultiver une « zone franche » sur le terrain de la documentation sous toutes ses formes (photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias). Autrement dit, sous la direction de Raymond Depardon, le président-fondateur des lieux, cette initiative indépendante s’engage à interroger les enjeux historiques, politiques et sociaux de la représentation du réel par l’image contemporaine. Comme pour défier un monde saturé par le visuel – et se protéger des ravages de la société du divertissement.