Musée ? Boutique ? L’endroit est si atypique qu’on ne sait pas très bien comment le définir. Certes, tous les plantigrades empaillés, les oiseaux naturalisés et les minéraux qui peuplent les étagères en bois sont à vendre et étiquetés. Mais n’importe qui peut aussi déambuler librement à l’étage de cet hôtel vraiment particulier, juste pour le plaisir d’admirer de près et sans risque un ours brun ou une licorne reconstituée (si, si !).
Savant et délirant
Il faut dire que la Maison Deyrolle, établie au 46 rue du Bac depuis 1888, sait à merveille allier sérieux des sciences naturelles avec fantaisie, voire magie. La taxidermie et l’entomologie sont ses spécialités, mais un grain de folie dans la mise en scène de ce bestiaire fabuleux fait toute son originalité. Résultat : cette maison scientifique presque bicentenaire s’inscrit à la fois comme une Mecque pour les collectionneurs passionnés et comme une attraction inoubliable pour les néophytes intrigués.
De ce savant mélange résulte le succès qui a valu à la Maison Deyrolle une renommée parmi les plus grands artistes de leur temps, des peintres Dubuffet à Salvador Dali. Encore aujourd’hui, bon nombre de personnalités soutiennent l’initiative de la maison, à l’image de Yann Arthus-Bertrand, Bettina Rheims ou Nicolas Darrot, qui ont répondu présents lorsque Deyrolle a dû renaître de ses cendres après un incendie en 2008. Certains s’en inspirent même, comme Woody Allen qui y tourna quelques scènes de son film ‘Midnight in Paris’.
Tous les goûts sont dans la Nature
Telle une arche de Noé bien ancrée dans le bitume parisien, la Maison Deyrolle abrite une flopée d’animaux exotiques (girafe, flamand rose, zèbre, toucan, lion, etc.) et domestiques (renard croquant une poule, cochon, paon et petit lapin blanc). Mais également des planches pédagogiques où sont épinglés papillons et insectes, des coquillages et de gros bénitiers, des herbiers sous globe, des squelettes de petits animaux qu’on croirait récupérés dans des pelotes de réjection... Et mêmes des fragments de lune et des agates. On peut donc trouver de tout dans cet antre de savant fou ! La preuve avec ces piquants de porc-épic à 6 € pièce et cet œil de verre à 200 €. Sans oublier les plus belles bibles des naturalistes, confirmés ou en herbe, de l’Alphabet Buffon aux fascicules de coloriage.
Et pour ceux qui s’offusqueraient de voir la beauté de spécimens rares ainsi fixée à jamais derrière des vitrines, notez qu’aucun animal n’a été tué pour être naturalisé. Toutes les espèces protégées proviennent de zoos, de cirques ou d’élevages dans lesquels ils sont morts de vieillesse ou de maladie, conformément à la Convention de Washington. Bref, pas la peine de cherche la petite bête : ici il n’y a pas de lézard !