Implanté dans le Marais, le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme a investi l’un des hôtels particuliers les plus grandioses du centre de la capitale. La constitution des collections est le fruit du travail d’une association privée formée en 1948, ayant pour vocation la sauvegarde du patrimoine judaïque après la Shoah.
Chronologique, le parcours retrace l’histoire des rites, des cérémonies et de la culture juive à travers une large sélection d’écrits, de photographies, d’objets religieux, d’articles décoratifs et d’œuvres d’art. Entre stèles hébraïques médiévales, lampes d'Hanoucca ou études des traditions ashkénazes et séfarades, la visite révèle comment les courants de pensée et les styles artistiques de la judéité firent le tour du monde au fil des siècles, s’enrichissant d’héritages hybrides sans perdre de leur spécificité pour autant.
Documents et peintures rendent compte de l’émancipation du judaïsme français après la Révolution, se plongeant notamment au cœur de l’affaire Dreyfus, où le J’accuse ! de Zola affronte quelques dessins de presse antisémites. Les avant-gardes historiques sont elles aussi présentes dans les riches galeries du MAHJ, où se côtoient entre autres Lazar Lissitzky et Marc Chagall. La Shoah est évoquée à travers les esquisses âpres et brutes de Buchenwald par Boris Taslitzky. On la devine aussi dans la cour, où le mémorial de Christian Boltanski rend hommage aux juifs qui habitaient les lieux en 1939, et dont 13 furent victimes du nazisme.