'La Dame à la Licorne' est un peu au musée d’art du Moyen Age ce qu’est 'La Joconde' au Louvre : la vedette absolue, le clou du spectacle, l’œuvre qui a le don d’attirer les foules mais le malheur de faire de l’ombre au reste des collections. On en oublie presque que l’Hôtel de Cluny, en plus de son superbe cycle de tapisseries allégoriques, renferme un ensemble surprenant de sculptures, d’ivoires, de manuscrits, de peintures et de vitraux. Parmi les acquisitions récentes, citons notamment 'L’Ascension du Christ', enluminure de l’Abbé de Cluny datant du XIIe siècle, ou 'L’Assomption de la Vierge', triptyque du XVIe signé Adrien Isenbrant de Bruges.
Sans oublier le bâtiment, œuvre d’art à lui tout seul, avec son architecture gothique du XVe siècle garnie de fines embrasures pointues, d’une splendide chapelle voûtée et d’escaliers hexagonaux qui surgissent des façades avec insolence.
La bâtisse est érigée entre 1485 et 1498 au-dessus de thermes gallo-romains. Les bains, construits dans le plus pur style de l’Antiquité, avec leur maçonnerie toute de briques et de pierres, sont sans doute les plus beaux vestiges romains de la capitale. Le frigidarium (bain froid) voûté, le tépidarium (bain tiède), le caldarium (bain chaud) et une partie du système de caléfaction sont toujours visibles.
Depuis l’an 2000, un jardin médiéval thématique offre par ailleurs aux visiteurs une parenthèse ludique. Le lapin, le renard, le singe, le lion et la licorne de la célèbre tapisserie ('La Dame à la Licorne', toujours) se sont égarés dans une petite forêt, pour le plus grand plaisir des enfants. Pendant ce temps, les adultes pourront sillonner un jardin céleste embaumé de roses, et un tapis de fleurs parfumé de chèvrefeuille et de jasmin, histoire de respirer les arômes lointains de l’amour courtois.