Ce fabuleux immeuble, transformé en musée par le peintre symboliste, abrite les appartements et l'atelier de Gustave Moreau (1826-1898). Au premier étage, la visite traverse un intérieur bourgeois au mobilier Louis XVI, dévoilant la chambre, la salle à manger et le cabinet de réception de l’artiste, ainsi que le boudoir dédié à Alexandrine Dureux, sa « meilleure et unique amie », son amour impossible, le fruit de toutes ses convoitises. Le peintre a orchestré le décor selon ses souvenirs et le résultat, orné de portraits de famille, de cadres à moulures et de réminiscences de son Grand Tour, ressemble au temple d’un collectionneur obsessionnel, qui aurait érigé le musée sentimental de sa vie pour la postérité.
Les second et troisième étages, reliés par un splendide escalier en spirale, renferment le royaume des fantaisies bibliques et mythologiques de l’artiste. Majestueux et exceptionnellement riche, cet atelier abrite quelque 1 300 peintures, aquarelles et cartons, de même qu’un cabinet d’art graphique nourri de plus de 5 000 dessins. Les esquisses révèlent le processus créatif et les différentes étapes qui mènent aux tableaux finis du maître symboliste. Parmi les toiles peuplées de chimères, de bêtes mystiques et de plantes étranges, on retrouve Tyrtée chantant pendant le combat, Les Prétendants ou Les Filles de Thespius. De nombreux cartels enrichissent par ailleurs le parcours des commentaires délurés de Moreau. Autant de paroles aussi frénétiques que cette collection, d’une singularité magnétique.