Au moment où les impressionnistes révolutionnaient la peinture, Jean-Jacques Henner (1829-1905), lui, se forgeait avec une assurance toute académique sa réputation de portraitiste mondain. Et de paysagiste d’exception, malheureusement méconnu du grand public. Si cet artiste ne vous dit donc rien, pas de panique : le musée qui porte son nom vous offre une séance de rattrapage.
Rouvert en 2016 après deux sessions de rénovation (une en 2008-2009 puis en 2014-2016), le lieu retrace la vie de l’artiste depuis ses humbles débuts alsaciens jusqu’à sa consécration parisienne et son Grand prix de Rome empoché en 1878. Bien qu’il n’y ait jamais vécu, le musée abritait autrefois les appartements et l’atelier de son contemporain, Guillaume Dubufe, et ont été largement aménagés afin de recréer l’atmosphère de l’époque. La cheminée de style chinois et le moucharabieh égyptien de l'atelier aux murs rouges témoignent notamment des goûts éclectiques de cette fin de XIXe siècle.
Hétéroclite, tel est l'adjectif qui qualifierait à merveille le musée, tant par sa décoration que ses collections. Une flopée de paysages alsaciens et de portraits de famille dénotant l’attachement éternel du peintre à sa terre d’origine - l’annexion à l’Allemagne en 1871 inspira d’ailleurs l’un des tableaux les plus célèbres d’Henner, 'L’Alsace. Elle attend' - côtoient ses nymphes légendaires. L’atelier, sous les toits, regorge en effet de ces nus vaporeux au teint clair et à la crinière rousse, se pavanant sur fond de forêts chimériques. Sans oublier que le musée flambant neuf renferme aussi une partie de la collection de l’artiste (Heim, Flandrin, Monticelli) et un jardin d'hiver absolument charmant.