Dans cette expo, splendeur et misère des filles de joie se côtoient, représentées dans des peintures ou des photographies dont la mise en scène, tout de sombre vêtue, dispense une atmosphère feutrée, romantique, presque érotique.
Les portraits vivent, on se sent scruté par ces femmes qui semblent perdre patience et s'agacer. Cette sélection de tableaux, tous plus magnifiques les uns que les autres, montre des créatures tantôt belles, voluptueuses, pleines de vie et animales, tantôt (le temps d’une salle au moins) incarnant le mal, la source de tous les maux des pauvres hommes perdus.
On ne pourra faire l'impasse sur les sections réservées aux plus de 18 ans dans lesquelles vous trouverez des photos érotico-pornographiques et des films, quelques scènes de deux ou trois minutes, dont l'une nous montre la banalité d'une passe dans un bordel entre un homme et une prostituée. C'est cru, c'est vivant, c’est incroyable, c'est un porno de 1919 !
Des jeunes garçons gays, des parties à quatre, des instants volés, des morceaux de vie, ça drague, ça rigole, ça profite, c’est triste aussi ; on est ému.
En conclusion, même s'il aura manqué un peu de mise en scène (reconnaissons cependant la difficulté d’habiller sans étouffer toutes ces belles œuvres), il se dégage de cette expo un ressenti troublant et doux, tendre et violent, une sensation d'avoir voyagé à travers euphorie et tristesse en même temps. Les témoins de cette époque ont bien réussi à transmettre l'ambivalence du statut des prostituées, chapeau.
par Emmanuel Da Silva Sanches
Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h ; le jeudi de 9h30 à 21h.