Il y a des come-back qui font plus plaisir que d’autres. À l’automne 2024, les noceurs retrouvaient avec joie Brice Coudert, l’ancien DA de Concrete, club culte des 2010’s parisiennes, dans un lieu en dur et pérenne, associé à Anthony Hernandez, programmateur du festival électronique stéphanois Positive Education – et une tripotée d’investisseurs. Un club nommé Essaim qui butine dans les sous-sols de la Caserne, où ont successivement créché le Carbone et le Bisou.
Le cadastre est donc connu : en bas des escaliers se déplie la salle unique, carrée et brute, jaugée pour 400 humains. Mais le nouveau décorum épuré, pensé par Dorothée Hachiken, entre carrelage blanc sur les piliers et booth rétroéclairé, néons et canapés en cuir noir sur le pourtour, plonge le dancefloor dans une atmosphère brumeuse de rituel communautaire.
Et les gens ? Le public (vraiment) hétéroclite, admis par une porte, certes exigeante mais inclusive – les gens de la fashion côtoient un type en short/running venu solo et une bande de curieux –, n’est pas là pour se montrer mais pour prendre une leçon sonique et stylistique. Et ça fait toute la différence. Un conseil : allez tout devant, sur les côtés, le système-son L-Acoustics, sorte de sicario des basses, semble conçu pour étreindre les cages thoraciques, avec un vrai goût de reviens-y. Quel miel pour les oreilles !
L’avantage des DA aux carnets d’adresses longs comme un catalogue de la Pléiade, c’est que la bande-son est assurée par le nectar des scènes électroniques les plus curieuses du moment, avec plusieurs formats récurrents, dont la soirée Tribalism, le vendredi, où la techno est reine. À Essaim, les sets au long cours sont privilégiés, les petits nouveaux ont leur chance aux platines, et il y a même des afters le dimanche de temps en temps.
PAF unique à 20 €, un rapport qualité/prix de qualité au vu de l’expérience. Ajoutez à cela des verres à des tarifs rarement vus en club (7,50 € la pinte, 9,50 € le cocktail), de l’eau froide accessible à l’œil aux toilettes, et on peut se dire qu’Essaim coche toutes les cases du « nouveau lieu de pèlerinage obligatoire de la nuit parisienne ».