Avant son concert le 21 avril dernier au Badaboum, nous sommes allés à la rencontre de Niall Galvin aka Only Real pour en savoir plus sur ce jeune artiste londonien. Avec son talent, un bon producteur et une identité visuelle forte, Only Real parvient aujourd'hui à toucher un public large, sans jamais perdre de sa personnalité. Il nous présente son dernier album 'Jerk at the End of the Line', recueil de morceaux acidulés portés par un rap nonchalant, sorti le 30 mars dernier sur le label titanesque EMI.
Time Out Paris : Pour commencer, comment te sens-tu ? Es-tu excité à l’idée de jouer ce soir à Paris ?
Only Real : Je me sens hyper bien, je suis vraiment excité. Le concert est complet et ça fait vraiment plaisir. On sait que ce sera plein et ça rassure énormément !
Le week-end du 17-18 avril, tu as joué à Nantes pour le Festival l’Ere de Rien. Le public t’aurait souhaité ton anniversaire, raconte-nous un peu ce moment.
C’était complètement fou, parce qu’on est arrivés vers 20h et j’avais complètement oublié que c’était mon anniversaire le lendemain. Après 20 minutes de concert, passé minuit, les gens ont commencé à chanter « Joyeux anniversaire ! » et j'ai halluciné qu'ils connaissent ma date de naissance. Honnêtement, je ne sais pas trop d’où c’est sorti mais c’était vraiment un moment spécial, très touchant !
Que penses-tu du public français ?
Génial, cette tournée a vraiment été incroyable. On a été très étonnés par les gens qui connaissaient nos morceaux. Ca fait encore plus d’effet quand c’est dans une langue étrangère et que les gens connaissent par cœur. C’était vraiment fou.
Pour revenir à tes premiers pas dans la musique, quand as-tu vraiment commencé à te lancer ?
Quand j’avais 14 ans, j’avais une guitare espagnole et je jouais en chantant dans ma chambre. Dans les cinq années qui ont suivi, j’ai développé mon style et appris plein de trucs. J’avais enregistré des choses avec mes différents groupes, mais jamais mes propres chansons. À 18 ou 19 ans, j’ai acheté des outils d’enregistrement et m'en suis fait offrir par mes parents, et c’est véritablement à ce moment-là que j’ai commencé à produire mes propres titres.
Finalement, est-ce que c’était un rêve qui est devenu réalité ou est-ce que c’est juste arrivé naturellement ?
J'ai toujours eu envie de me lancer dans la musique. Quand j’ai commencé à enregistrer, j'étais pas forcément hyper confiant, tout est arrivé très vite. Un pote m'a trouvé le nom d'Only Real, et j’ai tout de suite accroché. Ca correspond bien à ce que je veux faire les cinq voire les dix prochaines années, c'est-à-dire des choses différentes, mais qui correspondent à mon mode de pensée.
Parlons un peu de ton album 'Jerk at the End of the Line'. Quel était ton état d’esprit au moment de son écriture ?
Certains titres de l’album ont 2 ans et représentent plus mes débuts. À noter qu'il y a pas mal de chansons mélancoliques et sentimentales. Je suis quelqu’un d’assez sensible, ça peut paraître exaspérant. Quand je vais parler d'une rupture, je compense par contre en parlant également des bons moments. Et quoi de mieux pour s'inspirer que son entourage...
Ton adolescence t'a également influencé ?
Je pense que ça se ressent surtout sur le premier album. J’avais 18 ans à l’époque j’en ai 24 aujourd’hui, et ma musique a grandi en même temps que moi. C’est un travail plus abouti, avec des productions plus mûres. Mon écriture aussi a évolué, elle s'est approfondie. Mais bon, je reste un grand enfant, je continue de faire le couillon avec mes potes et de ne pas prendre les choses trop au sérieux. Je n'ai cependant aucune nostalgie pour mon adolescence.
Le très estival "Cadillac Girl" nous plonge dans un road movie californien. Tu t'attendais à ce que ce morceau devienne un tube ?
Je n’ai jamais vraiment pensé à ça, je ne me suis jamais dit : « Tiens, si j'allais écrire LE tube. » Quand j’ai emmené la démo à Atlanta pour enregistrer, le morceau a pris une tournure plus West Coast. Il avait déjà un an, il méritait d'être retravaillé. Ben Allen, mon génie de producteur, a ajouté pas mal de sonorités au synthé et de chœurs. Ca a donné un petit effet Snoop Dogg. Après ce travail, on s’est tous dit que c’était exactement ce qu’on voulait.
Tu as fait tes premiers clips tout seul, mais pour "Yesterdays" tu as travaillé avec Dexter Navy, comment s’est passée la collaboration?
Super bien. C’est vraiment quelqu’un de cool. Il a fait beaucoup de clips pour ASAP Rocky notamment, et c’est en voyant l'un d'entre eux que j’ai voulu travailler avec lui. Mon label m’avait déjà proposé des noms de réalisateurs, je les ai refusés pour la plupart jusqu'à ce que je voie le travail de Dexter Navy.
Tes vidéos sont composées d'images psychédéliques et de situations loufoques, sorte de trips visuels. D’où vient cette esthétique ?
En réalité, j'essaye juste de transposer ma musique sur des images. Quand j’ai travaillé avec Dexter Navy, j’ai finalement trouvé quelqu’un en qui j’avais confiance et qui était capable de faire des choses que je ne savais pas faire techniquement. Il m’a envoyé le traitement des vidéos, et j'ai trouvé ça génial. Il vient de la même partie de Londres que moi, plutôt pratique pour le tournage. On a pas mal filmé dans la maison d’un de mes potes, c'était un joyeux bordel.
Tu t'attaques à l'animation dans le clip "Can’t Get Happy". Des films à nous recommander ?
J'aime beaucoup 'Rocket Power' de Nickelodeon, qui date des années 1990. Ca parle de gosses qui habitent près de l’océan et qui pratiquent le surf. C’était mon dessin animé préféré à l'époque. Pour "Can’t Get Happy", j’ai envoyé des visuels que j'avais imaginés à Dexter, qui l'ont inspiré pour créer des personnages. On a fini par se mettre d’accord après un travail commun.
Il me semble que tu aimes beaucoup Deerhunter, comment c’était de travailler avec Ben Allen qui a aussi travaillé avec eux en tant que producteur ?
C’est justement comme ça que j’ai découvert Ben Allen. Il a aussi beaucoup travaillé avec Washed Out, Youth Lagoon et dans les années 1990 pour Bad Boy Records, moment où il a fait beaucoup de hip hop. Il a plein d’histoires hallucinantes et très drôles à raconter. Il y a un an, on a commencé à discuter par Skype et puis on a fini par se rencontrer à Londres. C’est là qu’on a vraiment commencé à bosser sur le dernier album.
Un morceau qui te donne envie de faire la fête ?
"Put it On" de Big L, en général, ça met bien dans l'ambiance.
Un qui te donne envie de courir nu dans les champs ?
Il y en a plein. Mais je dirais un des Vengaboys.
Où est-ce que tu rêves de jouer ?
Je ne sais pas, je suis relativement heureux avec tout ce que l’on me propose. Après c’est sûr qu’un festival où il fait chaud en bord de mer, ça sonne bien. J’ai vraiment envie de revenir en France et de continuer à y jouer.
Tu as un lieu parisien à recommander aux lecteurs de Time Out ?
Je ne connais pas assez malheureusement, mais on a joué au Nouveau Casino l'an dernier et j’ai beaucoup aimé l’ambiance.
Est-ce que vous avez une sorte de rituel avant de monter sur scène ?
Oui, on joue l’intro d’un show télévisé anglais sur les courses de chevaux, ça nous fait marrer. On va d’ailleurs le faire ce soir, même si personne ici ne risque de comprendre !