Alors que l’ambiance de la veille était propice aux déhanchements et aux pas de danse divers et variés, celle du vendredi 13 mettra à l’honneur pogos, slams et autres déchaînements rock ’n’ roll. Tout sauf un hasard ? On laisse la réponse aux organisateurs et on se pointe à la Cigale sans s’être lavé les cheveux, armé d’un bon vieux jean troué et de notre plus beau perfecto pour Fat White Family, les Anglais les plus dingues de la vieille Albion et dignes héritiers d’un punk crade et teigneux. Ces six Londoniens ne se ménageront pas en défendant leur seul et unique album (mais quel album !) 'Champagne Holocaust', sorti sur le label Fat Possum Records qui a notamment révélé au grand jour les Black Keys. Au menu : guitares nerveuses, batterie foutraque et chant braillard, le tout servi avec une fougue peu commune aux habituels groupes anglais des années 2000-2010. Attention les oreilles, Fat White Family risque de vous les secouer.
Après cette folie, place à une petite accalmie avec The Districts, (très) jeune combo tout droit débarqué de Pennsylvanie dont la moyenne d’âge (20 ans) fera pousser quelques cheveux blancs aux plus puristes d’entre nous. Après un premier disque autoproduit, les Américains ont publié en début d’année l’excellent 'A Flourish and A Spoil', recueil de rock songs aussi envoûtantes que prenantes, dotées d’imparables mélodies, quelque part entre Cold War Kids et Oasis. Ca respire la fougue, l’insolence de la jeunesse, le culot et le talent. Reconnus par leur pairs (élus « meilleur espoir rock » par la presse anglo-saxonne), The Districts ne manqueront pas de conquérir le pays de la langue de Molière.
On restera dans la tonalité outre-Manche en accueillant comme il se doit les Londoniens de Wolf Alice, emmenés par la pétulante Ellie Rowsell et auréolés du succès de leur deuxième album, 'My love iIs Cool', produit par Mike Crossey (Arctic Monkeys, Foals). Si le groupe s’est fait connaître par des chansons impétueuses et des prestations scéniques sauvages, il prouve avec cette nouvelle galette que leur palette ne se limite pas à celle des compositions saturées, et qu’ils savent construire des mélodies sophistiquées mais efficaces. Un premier temps déboussolés, les fans de la première heure n’ont pu que s’incliner devant une telle nouvelle maîtrise et débauche de talent, et ont vite été rassurés par les performances toujours aussi excellentes de leurs chouchous. Entre rock énergique et pop planante, nul doute que la Cigale hurlera avec Wolf Alice.
Attention : aucun des concerts précédents ne vous préparera à ce que vous verrez avec Bo Ningen. Oubliez tout ce que vous savez sur le Japon, révisez vos jugements sur les cheveux longs chez les garçons et surtout, évitez toute substance hallucinogène pour la simple et bonne raison que vous n’en aurez pas besoin. En effet, l’acid rock distillé par le quatuor japonais se révèlera bien plus efficace que n’importe quel buvard. En trois albums, Bo Ningen a su fédérer un public fidèle et avide des chansons psychédéliques et des prestations scéniques troublantes du groupe. Alors laissez-vous embarquer pour un voyage sensoriel, aux confins de votre imagination. Et si cela ne vous plaît pas, n’oubliez pas : avec MODERATION.