Comment es-tu arrivé dans la musique électronique ? J’ai cru comprendre que comme beaucoup, tout a commencé avec la découverte de Kraftwerk. Puis à 15 ans, tu achètes tes premières platines…
Mes parents et notamment mon père m’ont beaucoup influencé. Je me rappelle que la première fois où j’ai écouté Kraftwerk, c’était avec lui. Ensuite, bien entendu, j’ai été très influencé par l’univers sonore de l’est de Berlin, là où j’ai grandi, et ça a accru considérablement mon intérêt pour la musique électronique. Avant ça, j’écoutais un peu de tout.
Ensuite oui, j’ai acheté mes premières platines. Tous les jours, je m’entraînais dans le seul but de devenir aussi bon que les DJ que je voyais évoluer dans les clubs à cette période. C’est pourquoi j’ai passé des heures et des heures à mixer pour y arriver. Ce fut une période très intense.
Parle-nous des premières raves que tu as organisées.
Je n’organisais pas professionnellement des raves, c’était plutôt des teufs entre moi et mes potes. C’était la première fois où je pouvais jouer ma musique de façon aussi puissante. A la fin, j’ai commencé à jouer pour mes potes intimes et leurs amis mais rien à voir avec les raves énormes qu’on pouvait avoir à Berlin à cette époque.
Alors que tu n’as jamais sorti le moindre EP, tu te fais remarquer par le programmateur du Berghain. Comment ça s’est fait ? Raconte-nous un peu tes premières expériences dans ce club.
Je suis allé régulièrement au Berghain pendant des années, comme invité. Au bout d’un certain temps, je connaissais bien les personnes qui y bossaient. Un jour, elles m’ont offert la possibilité de faire une date là-bas et, encore aujourd’hui, je leur en suis grandement reconnaissant. En tant que raver et DJ, il y a dans cet endroit exactement tout ce dont je pouvais rêver. Et après mon premier gig au Berghain, je me suis dit : « Ok j’ai fait tout ce que je voulais faire, je peux mourir tranquille maintenant… » Je n’avais jamais imaginé que ça serait le début de tout.
Aujourd’hui tu fais partie « des stars » de la techno. As-tu l’impression que ce mouvement est encore underground ? Je veux dire, des milliers de gens dans le monde vont à des festivals. Et puis il y a la démocratisation des sons avec Internet.
Pour moi, le mot underground a beaucoup de significations différentes, je ne suis pas sûr que ce soit encore le terme adéquat aujourd’hui. Bien entendu, tout est devenu public. Bien entendu, ce n’est généralement plus vraiment une musique secrète, un courant dissimulé. Mais d’un autre côté, si de plus en plus de gens ont la chance de découvrir de nouvelles perspectives musicales avec la techno, ce n’est pas plus mal, non ?