Playlist : les chansons de Noël

Vous ne les verrez sans doute nulle part ailleurs

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On ne va pas se mentir, les playlists de Noël sont souvent un peu les mêmes. Elvis Presley et Nat King Cole y côtoient "Fairytale of New York" des Pogues, Elton John se tire la bourre avec John Lennon et Paul McCartney, sans oublier Mariah Carey, Bing Crosby ou Bruce Springsteen. Pourtant, les amateurs de tops ont l'embarras du choix, vu le nombre de chansons consacrées au thème. Dans la culture anglo-saxonne, la tradition du chant de Noël est une chose sérieuse, un exercice de style qui perdure aujourd'hui avec une vigueur inconnue en France. Oh, certes, nous avons bien notre Tino Rossi national et "Vive le vent d'hiver", mais pas grand-chose de plus fameux à se mettre sous la dent. C'est pourquoi notre sélection sera presque entièrement constituée de chansons anglaises et américaines, si possible un peu originales et pas trop éculées. Promis, on n'a pas mis les Pogues.

Commençons avec le grand, l'inénarrable Bob Dylan, qui a visiblement pété un câble en 2009 en sortant 'Christmas In The Heart'. Avec son haut-de-forme blanc, ses longs cheveux gris et son cigare, Dylan se crée un personnage qui rivalise presque avec celui de Santa Claus. Dans le clip, il utilise ce qui lui reste de voix pour faire danser gaiment autour d'un air bien folklorique.

Même si les jolis chœurs et les petites notes au banjo confèrent à la chanson un air de Noël, l'immense tristesse qui ressort de cette mélodie éloigne Sufjans Stevens des habituelles bluettes niaises du genre. Et c'est tant mieux.

En France, donc, on se moque pas mal de chanter Noël. Il n'y a guère que Renaud, provocateur patenté et amateur de chansons canulars, pour tourner en dérision la chose : « Petit papa Noël, toi qui es descendu du ciel, retournes-y vite fait bien fait, avant que j'te colle une droite, avant que j't'allonge une patate, qu'je te fasse une tête au carré... » La musique, elle, n'est pas très hivernale, au contraire. C'est un reggae presque zouk qu'on entend en guise de fond musical, façon de souligner l'ironie. Sans oublier ce titre de chanson, tout simplement un des meilleurs du genre.

Non, non, le père Noël ne provoque pas que des « good vibes ». Tout le monde n'est pas fan du bonhomme en houppelande, la preuve : l'excellent crew de rappeurs hardcore Insane Clown Posse a quelques vérités à lui asséner. Le morceau commence par un « Santa Claus, suck my balls » qui annonce la couleur. Visiblement, les MC du groupe n'ont pas eu les cadeaux qu'ils voulaient et ils comptent bien pousser un coup de gueule.

Très copain avec les déconneurs du 'Saturday Night Live' (mythique émission comique américaine), le beau gosse des Strokes a sorti en 2009 une reprise d'une chanson parodique du show. A l'époque, il s'agissait d'un avant-goût de son album solo, aujourd'hui c'est une charmante chanson et une pochette géniale de bon goût que nous ressortons avec plaisir à l'approche des fêtes de fin d'année.

Virtuose de la guitare, magicien folk ayant modernisé la tradition d'un genre centenaire en puisant dans le blues, le jazz et la musique médiévale, Bert Jansch aurait failli à sa réputation s'il n'avait pas repris ce chant classique de Noël en Angleterre. Tiré d'un poème du XIXe siècle, l'air est pur comme la neige et la voix apaisante de Bert, décédé en 2011, fait des miracles, évidemment.

Faire groover un chant de Noël en mode hip-hop, il fallait l'oser. Il n'y avait que les Run DMC pour le tenter et le réussir avec autant de bonne humeur et de swing. Gros beat old school, clip avec arbres de Noël, lutins et cadeaux, cuivres qui roucoulent : c'est pas Booba qui nous ferait ça.

Noël, c'est d'abord un acte de foi. Et qu'elle est dure, cette vérité qui finit par tomber dans l'oreille des enfants : la petite souris... non, pardon, le père Noël n'existe pas. Rois du garage, les Sonics ont veillé toute la nuit au pied de la cheminée et n'ont rien vu venir, comme la sœur Anne. Alors ils n'y croient pas et le disent dans un rhythm'n'blues sauvage.

On aura beau dire, Kate Bush est une des plus grandes chanteuses des années 1980. Elle seule peut figer une assistance entière avec un chant de Noël étrange, presque inquiétant, que sa voix transcende à merveille. Pour ça, pas besoin de grimacer ni de surjouer ses moues comme la plupart de ses consœurs, tout est dans les cordes vocales. Et les cheveux.

Avec sa mandoline, Ian Anderson de Jethro Tull vous compose une chanson de Noël magnifique comme d'autres tartinent du pain le matin : fastoche. La voix chaude du chanteur et les violons suffisent à ajouter à cet air la grandiloquence qui fait de lui un chant éternel. Dire que c'était sur le premier album du groupe donne une idée du talent du bonhomme.

Une fois de temps en temps, Pearl Jam envoie à ses fans des « Christmas singles ». Il peut s'agir de reprises, mais aussi de compositions dans l'esprit de Noël, comme ce très beau "Let Me Sleep, It's Christmas Time" sorti en 1991, que Eddie Vedder et Mike McCready rejouent des années plus tard seuls au milieu d'arènes, peut-être celles de Vérone en Italie où le groupe a joué en 2006.

Projet débile s'il en est, des musiciens ont décidé qu'il était impératif, voire vital, de reprendre les tubes de Metallica façon chanson de Noël. On entend donc ici les grelots des rennes du père Noël, des cloches tubulaires et du piano... bref on s'y croirait. C'est juste parfaitement inutile, mais heureusement la chanson originale s'y prête bien.
Les Musclés - Chanson Pour Le Pere-Noël par Dragqueen-Unijambiste

Finissons en beauté avec les Beatles français, le premier boys band hexagonal, le Rat Pack du pauvre, ceux sans qui les trentenaires d'aujourd'hui n'auraient pas cette lueur d'intelligence dans le regard. Il s'agit bien entendu des Musclés. Il faut tout d'abord savoir que les Musclés ont tout chanté dans leur vie : Noël donc, mais aussi les femmes, l'alcool, la merguez, le rap, Antoine De Caunes, Claire Chazal, Mathilda May et surtout la chouille. C'est bien simple, à côté d'eux, Patrick Sébastien est un enfant de chœur. Dans leur "Chanson pour le père Noël", Framboisier et compagnie imaginent un homme seul, triste, à qui personne ne pense. A part les Musclés évidemment, qui l'invitent à « boire un petit coup à la maison ». Avec des arpèges à la "You'll Never Walk Alone" et leurs paroles poignantes (« comble de malchance, la nuit de Noël, personne ne lui fait de cadeau »), ils essayent clairement de nous faire pleurer. Mais ça ne marchera pas, on tiendra bon. Non, non, c'est pas des larmes, c'est les oignons.

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