Tu as un parcours assez atypique. Comment devient-on bergère urbaine ?
A l’origine, j’étais chef de chantier gros œuvres dans le BTP. Il y a huit ans, on est venu me chercher pour construire un petit abri pour moutons urbains… C’est là que j’ai découvert le métier de berger éleveur.
A quoi ressemble ce job au quotidien ?
Ça ne change pas trop de ce que font les autres bergers : assurer la sécurité du troupeau – en ville, on n’a pas de loups, mais les chiens peuvent attaquer les bêtes ! Les nourrir, c’est-à-dire toujours chercher l’herbe, les guider dans les bons coins… Après, il y a des différences. C’est sûr que dans une grande ville, la solitude du berger, elle n’existe absolument pas ! Si tu as envie d’anonymat, je ne te conseille pas de te trimballer avec 70 moutons derrière toi ! (rire).
Ça gagne bien ?
Pas du tout ! J’arrive juste à me dégager un trois quart de smic (environ 800 €, ndlr). Mais bon, c’est un métier qui rend heureux au quotidien ! Un mouton, c’est un peu une fabrique à sourires : ça met le smile à tout le monde !
Bon mais en ville, ça sert à quoi un mouton ?
C’est surtout une façon de rappeler que la ville, c’est pas que du béton. La métropole du Grand Paris, c’est chouette, mais attention, faut pas oublier les besoins naturels des habitants en espaces verts ! Si le mouton ne trouve plus à manger en ville, ça veut dire qu’il n’y a pas d’espace vert du tout. Et là, ça devient insoutenable pour nous aussi, humains.
Et tes moutons, on peut les voir où ?
Ils broutent deux fois par jour au parc Georges-Valbon de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). En ce mois d’octobre, période de reproduction oblige, une partie est sur le campus de l’université Paris XIII Villetaneuse !