Alors qu'elle a tenu et tient encore une place immense dans notre vie, alimentant les conversations, comblant les ennuis, développant les imaginaires, enseignant les esprits, les abêtissant aussi parfois, la télévision reste pourtant un sujet souvent méprisé des universitaires, des artistes ou des intellectuels. Ce n'est sans doute pas un hasard si c'est une institution portée sur la technique et la recherche, le musée des Arts et Métiers, qui consacre à la télévision française une grande exposition digne de ce nom.
Car les avancées technologiques liées à la télévision incarnent un siècle de progrès fantastiques en matière de son et d'image. Une histoire méconnue, mais qui occupe une place centrale dans notre façon de lire les images. Au centre de la pièce principale du musée, on retrouve donc les différents postes à travers les âges, depuis les télévisions mécaniques jusqu'au tube cathodique et l'écran ultra HD 4K, en passant par le bellinographe et l'iconoscope de la pré-télévision. Des machines parfois incroyables, encastrées dans de magnifiques meubles ou bien brutes, qui proviennent de la collection du musée de Radio France, de collectionneurs privés ou encore de l'inventaire des Arts et Métiers.
L'autre versant de 'Culture TV, saga de la télévision française', c'est bien entendu l'histoire des émissions qui ont marqué le public, à une époque où peu de chaînes se partageaient la grille des programmes et où Internet n'existait pas. La télévision s'imposait alors comme le média de masse par excellence, celui qui seul permettait à la communauté internationale de prendre conscience de son existence, à travers des moments clés : premiers pas sur la Lune, couronnement de la reine Elizabeth II, événements sportifs, guerres, etc. Tous les matins, la France discutait des émissions de la veille autour d'un café, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Il faut vraiment s'attarder attentivement sur les extraits choisis par les exposants, chacun y découvrira une part de sa propre mémoire, mais aussi des séquences moins connues, comme ce documentaire "Télévision, œil de demain" de 1947. Un témoignage visionnaire et hallucinant, qui prouve si besoin était que la télévision n'a pas fait que refléter son époque, mais qu'elle a aussi cherché à l'imaginer, à la rêver, à la fabriquer.