L’entrée, certes plutôt étroite, est d’un orangé qu’on remarque. On pourrait pourtant facilement passer devant. On l’a même sûrement déjà fait sans le savoir. Cette fois-ci, préméditée, on descend les quelques marches d’accès avant de disparaître aux yeux des passants. Voûtes historiques, pénombre ancestrale, humidité envoûtante, immédiate ambiance de caveau propice.
D’un côté, s’affaire le musée des Automates, où s’animent plus d’une centaine de mécanismes en métal (dont les très belles cibles de forains), bois ou papier. Comiques, satiriques ou coquins, du XIXe siècle à nos jours, dans un ballet de boîte à musique aux saccades pleines de surprises.
De l’autre, se cache le musée de la Magie, révélant en vitrine objets, spectacles, affiches et machines, cet art étrange et sulfureux, son usage, sa perception et son évolution dans l’Histoire.
Affiches dessinées des spectacles grand siècle, gravures, boîtes à secrets, baguettes magiques, grandes illusions (la femme sciée !), illusions d’optiques (dans une salle digne d’un de ces épisodes hallucinés de ‘Chapeau melon et bottes de cuir’), oracles des machines de foires... Ici, fakirs, mentalistes, spirites, sorciers, magnétiseurs et magiciens nous ballottent entre trucages, humour, adresse et frissons, au fil d’une collection unique au monde. Collection que fait vivre avec passion la drôle d’équipe de magiciens résidents de ce musée, anachronisme ingénieux enfoui au cœur du Marais, plus Robert-Houdin que Copperfield (et c’est tant mieux) comme en témoigne le spectacle de prestidigitation époustouflant de simplicité maîtrisée. Y a un truc, c’est évident ! L’atmosphère hors du temps évidemment, et l’esprit de curiosité, l’humour préservant comme une parcelle de merveilleux « qui s’adresse à ce que le monde conserve en lui de meilleur : l’enfance. »