Ne cherchez ni modernité, ni originalité chez Bartolo. Cet italien de la rue des Canettes, implanté dans le 6e arrondissement depuis 1950, est d’un classicisme le plus total. Est-ce une tare ? Certainement pas, car c’est souvent sur les plats les plus évidents, les plus consensuels, qu’on juge le mieux un restaurant — et son chef. Au menu, pizza, pasta ou parmigiana : une cuisine napolitaine séculaire. Le classicisme de la carte se retrouve en salle, avec des tables aux doubles-nappes blanches et un service agréable et dynamique orchestré par des serveurs chauves vêtus de noir et blanc. Comme chez Lipp on tire les tables pour accéder aux banquettes dont pas un seul cm2 n’est perdu ; lorsque le restaurant est plein, les clients sont au coude à coude. Le décor y est délicieusement kitsch, d’un mauvais goût certain, genre italo-américain — imaginez Tony Soprano attablé chez son copain restaurateur Artie Bucco : vous y êtes.
On se réjouit de la parmigiana corsée (19 euros) qui mérite d’être accompagnée d’un vin plein de soleil (un excellent Montepulciano à 23 euros la bouteille, ou un Rubesco plus léger à 27 euros). Idem pour les gnocchis de la mamma, parfaitement fondants. Des gnocchis qui, par exemple, accompagnent un très respectable osso bucco à 26 euros. Ce qui fâche, au milieu d’une carte aux prix conséquents, ce sont les entrées et desserts, indéniablement trop chers — compter 12 euros pour la base de la base, un généreux tiramisu. Mais les plats principaux sont costauds, et toute autre commande ne sera que pure gourmandise : de fait, les budgets serrés pourront s’y retrouver. Retournera-t-on chez Bartolo ? Evidemment, au minimum pour goûter les fameuses pizzas au feu de bois de la « Première pizzeria créée à Paris » (dixit la carte de visite). A suivre, donc. Ou à vous de tenter « l’avventura ».