Garance

C’est en terre connue, dans un 7e très VIP, ministères à gogo et ambiance feutrée, que Guillaume Muller (l’ancien sommelier de l’Arpège) a planté son décor rouge Garance. Un rouge avec une pointe d’orangé qui décrit habituellement la robe d’un vin mature et qui habille ici l’élégante et lumineuse salle du premier étage. Au rez-de-chaussée, la cuisine est un pur produit parisien : taillée pour lilliputiens, elle est ouverte sur un comptoir où peuvent manger les esseulés et les observateurs.

Au déjeuner, le restaurant réussit le tour de force de réunir cols blancs pressés et bons vivants décontractés autour d’un solide menu à 34 euros, sans que personne ne se sente oublié. Les assiettes, orchestrées par un deuxième Guillaume (Iskandar, tout aussi expérimenté), sont tellement généreuses qu’on se croirait à l’époque où les portions pour enfants de moins de 3 ans n’avaient pas encore été normalisées. Les excellents produits sont valorisés par des saveurs franches et relevées (magret de canard frotté au sel, tartare de hampe de bœuf et jaune d’œuf fumé), ou plus canailles (Saint-Jacques et lotte coiffées d’os à moelle). Les desserts, eux, se la jouent sucré-salé (tarte au chocolat, butternut vanillée et sorbet poire).

Côté vins, on s’en doute, Garance est bien approvisionné, en jolies quilles des copains (Les Choisilles de Chidaine, Fleurie de Dutraive) comme en grands vins (Les Sevrées de Lignier, Château Mayne Lalande). Les prix au verre (entre 6 et 12 euros) comme à la bouteille (de 25 à 58 euros) sont honnêtes en regard de la qualité. Le service comme le lieu est soigné sans être coincé, décontracté sans tomber dans le familier. Et la nuit tombée, les tables espacées accueillent aussi bien les amoureux que les copains fêtards. D’ailleurs, pour ces derniers, un salon privatisable devrait ouvrir très prochainement à l’étage. Bref, pour le moment, tout semble bien dosé et maîtrisé. Comme le début d’une très belle histoire.