La Porteña s’est installée à Paris. Voilà plusieurs semaines, en effet, que cette expression qui sert, en argentin, à désigner les filles de Buenos Aires parade sur la devanture d’un petit restaurant de la rue Muller. C’est l’Amérique du Sud à Château Rouge. Et pour mettre les passants dans l’ambiance, une belle fournée d’empanadas se donne en spectacle à travers la vitre. A l’intérieur, le décor, tout en bois, métal et brique, réchauffe le cœur. On vient se hisser à l’une des tables hautes ou s’appuyer au large comptoir qui occupe la moitié de cet espace minuscule (une douzaine de places au maximum, mais on peut aussi prendre à emporter). Sur la carte, pas de chichi. Cette porteña-là fait dans le frais, le généreux, le fait-maison. Sans être complètement inoubliables, les assiettes qui défilent ont le charme simple des bonnes choses.
Au déjeuner, la formule s’affiche à 14 euros. Et l'affaire n'est pas mauvaise, puisqu’à ce prix-là, on vous sert copieusement un verre de vin (ou une bière), deux énormes empanadas (à choisir parmi une petite dizaine de recettes), une salade et le dessert du jour. Le soir, on picore des chipacitos (des petits pains au fromage, 5 pour 3 euros), du provolone fondu arrosé de chimichurri (condiment à base de piment) dans lequel on trempe son pain chaud avec gourmandise (6 euros), des empanadas servies avec une sauce salsa et une salade (4 euros), des tortillas aux pommes de terre et aux oignons (4 euros), des pascualinas (tartes aux épinards, aux œufs et au fromage) ou des assortiments de tapas (7 ou 12 euros). Une foule de petits mets, attentifs au rythme des saisons, que l’on arrose de vins ou de bières et que l’on déguste en laissant filer doucement la soirée. Tout ça sous l’œil bienveillant du serveur, dont les sourires contribuent à faire de ce lieu un petit havre de douceur.