Se restaurer chez Lasserre, c’est plonger au cœur de l’histoire d’un lieu dont Audrey Hepburn, André Malraux, Salvador Dalí et autres éminents gourmets furent les habitués. Refuge des forces résistantes pendant la guerre, les murs de ce restaurant gastronomique ont prêté l’oreille à plus d’une conversation d’importance historique notamment celle entre Malraux et Chagall qui poussa l’artiste à peindre le plafond du Palais Garnier.
Mais son illustre passé n’est rien à côté de son art culinaire : le chef Christophe Moret (ex-Plaza Athénée) et son maître pâtisser Claire Heitzler (ex-Ritz) proposent une carte saisonnière d’une succulence indécente : fleur de courgette en mousseline de bar et caviar gold suivie d’un homard aux pêches rôties ou d’un « pigeon André Malraux » (le péché gourmand du politique) farci au foie gras. Pour finir en douceur : soufflé moelleux au chocolat Guanaja et sa glace à la vanille.
Le salon de l’étage, tout en nuance de taupe et de blanc, est une affaire somptueuse truffée de fine argenterie et coiffée d’un toit ouvrant qui, par une nuit constellée, s’entrebâille juste assez pour laisser entrevoir les étoiles. Pour clore les réjouissances, ces dames reçoivent une minuscule casserole en porcelaine – clin d’œil kitsch au Club de la Casserole, le cercle dînatoire de Lasserre que fréquentait jadis l’intelligentsia parisienne.