Difficile d’imaginer la rue Montorgeuil en parc à huîtres, et pourtant : en 1848 lorsque le Rocher de Cancale (du nom du village breton) ouvre ses portes, le quartier n’est qu’une succession de traiteurs qui vendent des huîtres débarquées de Bretagne et de Normandie. A cette époque la capitale comptait un million d’habitants qui consommaient six millions de douzaines d’huîtres par an ! Elles ne figuraient pas dans les menus, mais étaient plutôt consommées comme amuses-gueule à l’heure de l’apéritif. Aujourd’hui, vous ne manquerez pas de remarquer cette belle façade historique néo-Renaissance richement sculptée, toute blanche, avec des murs qui plient sous le poids du temps. Au premier étage, dans les salons du restaurant aux boiseries anciennes et poutres apparentes, quatre panneaux « carnavalesques » réalisées par le Gavarni décorent ce lieu chargé d’histoire. Ils dépeignent les scènes de vie quotidienne de la bourgeoisie du XVIIIe siècle : « le dîner », « le gourmet »…
Coup de théâtre : si certains panneaux ont été arrachés dans les années 1970, le propriétaire a mis à jour un cinquième panneau toujours intact. Aujourd’hui, on peut admirer ce musée vivant de l’histoire de Paris et de ses arts, manger un morceau et/ou siroter un cocktail maison On the Cancale (gin, ananas pêche, grenadine). Le midi, la maison sert des salades copieuses entre 10 et 12 euros et le soir on peut dîner des compositions sucrées-salées originales. On aime le pavé de canard à la pomme verte avec ses pommes sautées et le steak de thon au miel et sésame accompagné de ratatouille, délicieux.