Assis sur cette terrasse qui accueille tables et chaises de couleurs vives, on se croirait presque au cœur d’une petite ville de Province. Pourtant, à côté de cette placette étonnamment calme, coulent la Seine et se dressent les bars animés du Marais. Il y a quarante ans, le lieu était l’atelier de Gali, artiste cosmopolite qui invitait déjà amis, peintres et galeristes à prendre le thé sur les pavés du dehors. C’est eux qui le persuadèrent alors d’ouvrir son salon de thé, en bonne et due forme. A la carte, vinrent s’inscrire plusieurs plats exotiques dont le peintre avait récupéré les recettes lors de voyages. Comme la brique tunisienne, une petite crêpe toute fine et croustillante garnie de fromage, de viande ou de légumes. Un plat que l’on peut encore déguster aujourd’hui.
Car si l’on imagine mal ce genre de café alternatif voir le jour par les temps qui courent (bureaucratie locale oblige), l’Ebouillanté a réussi à survivre. Gali s’est enfui pour couler des jours heureux à la campagne, mais il a confié sa belle affaire à Roberto Terragni et Geraldine Campbell. Ces dignes successeurs ont conservé l’esprit bohème des lieux ainsi que la cuisine colorée et souvent végétarienne. Des expositions sont encore organisées régulièrement à l’étage du vieux studio, et chaque année l’Ebouillanté organise son prix de la Peinture. Notez que le menu du déjeuner qui change tous les jours (vous y trouverez de délicieux petits plats comme cette belle soupe de potiron ou ce sandre poché au jus de pamplemousse) conserve son excellent rapport qualité/prix une fois le soir venu (15 euros).