Entre les bazars et les kebabs de la rue Marx Dormoy, subsiste un petit restaurant, l’un des derniers authentiques relais routiers de la capitale. Comptoir en zinc et affiches publicitaires pour apéritifs de grand-père : le décor ne semble pas avoir beaucoup changé en 45 ans d'existence. Et si le côté bric-à-brac a du charme, notez que le lieu convient sans doute mieux aux dîners entre potes qu'aux premiers rendez-vous tamisés. La clientèle compte en effet une majorité d'habitués qui viennent réchauffer une ambiance déjà conviviale. Ici, c'est le patron en personne qui raccompagne par exemple ses meilleurs clients, un couple de nonagénaire, jusqu'à leur appartement voisin.
Peu importe, alors, qu'il faille patienter un peu pour passer commande. Quelques minutes de réflexion qui sont loin d’être inutiles pour choisir parmi les trente entrées et les vingt plats proposés à la carte, sans compter les deux menus qui changent chaque jour (de 10 à 20 euros l’assiette et environ 30 euros le menu). D'autant que la carte des vins est dans la même veine, affichant un tour de France des plus réjouissants.
Les plats - rillettes, escargots de Bourgogne, quiche lorraine, escalope de veau normande, pigeon, etc. - s'adressent plutôt aux nostalgiques en manque de réconfort qu'aux aventuriers culinaires. Et les portions gargantuesques, elles, parleront plus aux gourmands qu’aux appétits de moineaux. Chaque plat en sauce est servi dans sa marmite et qui commande du pâté se voit apporter la terrine entière. Heureusement, la quantité ne nuit pas à la qualité. On sent que les produits, viandes comme poissons, sont choisis avec soin et si les recettes sont classiques, elles sont exécutées à la perfection. La liste des desserts est moins conséquente que celle des plats mais une bonne glace ou une salade de fruits maison achèvent idéalement un repas.
Voilà donc une escale à retenir pour les amateurs de cuisine traditionnelle, qui apprécient l’ambiance bruyante et joyeuse d’une (très bonne) cantine de quartier.