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Faut-il mélanger sexe et nourriture ?

Ou jouir sans betteraves...

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Ah, le sexe et la nourriture, la chair et la bonne chère ! Voilà un sujet qui alimente tous les fantasmes. Des scènes érotiques les plus cultes du cinéma aux gadgets sexuels les plus incongrus, des légendes urbaines jusqu'aux forums de Doctissimo, la gastronomie du cul fait parler autant qu'elle dégoûte ou qu'elle excite. Et le débat semble aussi vaste que l'étendue des pratiques. Alors, chez Time Out, n'écoutant que notre bravoure et notre rigueur journalistique, nous avons décidé de vous cuisiner un petit article sur le sujet. Et pour répondre à la question posée, dans ce titre des plus évocateurs, il a bien fallu se résoudre à taper "sexe et nourriture" dans la barre de recherche Google. En veillant, évidemment, à ne pas glisser sur le bouton "Images" afin d'éviter de voir se coller à nos rétines innocentes tout un tas de photographies à l'esthétique douteuse (comme cette jeune fille de bonne famille qui semble prendre beaucoup de plaisir à se doucher avec de la crème anglaise).

Notre enquête, comme toutes les bonnes enquêtes, a évidemment commencé par une lecture assidue de la page Wikipédia intitulée "nourriture et sexualité". Voilà comment, bondissant de lien en lien, nous avons découvert un monde et un jargon délirants. Vous avez souvent des fantasmes impliquant votre petite amie nue et enduite de purée de carottes que vous rêvez de lécher ? Eh bien, vous êtes sitophile. Au Japon, il y a carrément un nom pour désigner le fait de manger des sushis en se servant d’une femme dénudée comme table : le nyotaimori. Wikipédia nous apprend aussi qu’il y a deux écoles, celle de la nourriture liquide et celle de la nourriture solide « le plus fréquemment utilisée dans un but pénétratif. C'est le cas notamment des bananes, carottes, concombres, courgette, frites ». Oui, des frites. Il y a aussi des termes plus barbares, comme vorarephilie ou nourriture pendante. Mais nous refusons de nous perdre dans ces affres-là.

 

Et puisque nous avons délimité les contours lexicaux de notre problématique, rentrons désormais dans le vif du sujet. A savoir, faut-il, oui ou non, mélanger sexe et nourriture ? Spontanément, on a envie de dire oui. Après tout, sexualité et alimentation ont beaucoup de points communs. Le sexe, comme la nourriture, implique des creux à remplir, de l’envie, du désir. Un peu de culpabilité, parfois aussi. Comme le sexe, la nourriture peut être vite consommée ou lentement savourée, dévorée en solitaire ou partagée à plusieurs. Le lien, solide, se tisse, pour les psychanalystes, dès les prémices de l’enfance quand le nourrisson vit, grâce au sein de sa mère, ses premiers émois oraux.

D’ailleurs, il n’y a qu’à jeter un œil aux expressions imagées que l’on utilise pour qualifier pratiques et parties sexuelles : « tremper son biscuit » ou « sa nouille », « passer à la casserole », « se toucher les miches ». Et le constat s’applique au-delà de nos frontières : le Coréen, par exemple, quand il est en verve, a « le piment qui se met en colère », alors que l’Iranien, lui, a « le kebab en brochette ». Au rayon masturbation, les Norvégiens se « caressent le saumon » quand leurs compagnes, elles, se « grattent les légumes ». Appétissant, n’est-ce pas ?

Est-ce à cause de ce lien si évident qu’à chaque fois qu’il est question de réveiller nos vies sexuelles, la presse féminine s’accorde pour nous conseiller d’introduire, au sein de nos ébats, légumes et sucreries. Du frigo au lit, certains aliments se prêtent mieux au jeu que d’autres. C’est le cas, par exemple et toujours selon Wikipédia, de la chantilly, du chocolat fondu, des fraises ou du beurre de cacahuètes (hum, cette odeur de curly tellement sexy) qui feraient partie des aliments les plus utilisés pour « les titillations intimes ». Selon les messages laissés sur les nombreux forums que nous avons lus (oui, notre ferveur journalistique ne connaît pas de limites), le Nutella serait également un aliment de choix. On vous épargne les escalopes de dinde, fromages fondus et autres petits pains, aperçus au hasard de nos lectures, et qui bien qu’extrêmement sensuels semblent trop rares pour être réellement significatifs.


Le cinéma, à l’aide d’envolées érotico-gastronomiques toujours plus lyriques, a évidemment contribué à faire monter la sauce dans l’imaginaire collectif : le beurre du Dernier Tango à Paris, la tarte d'American Pie, les olives, les fraises, la gelée, le piment, le lait et le miel de 9 semaines 1/2 (parodiés dans Hot Shot), la pastèque de La Saveur de la Pastèque, l’œuf dur de L'Empire des Sens, etc. Ces scènes, souvent cultes, ont de quoi allumer la flamme des plus frigides d’entre nous. Mais quid de la vraie vie ? Nous passerons sous silence le fait que certains de ces usages peuvent s'avérer carrément dangereux pour aller à l'essentiel : il y a avant tout des aspects pratiques sur lesquels il est difficile de fermer les yeux. Faire l'amour avec des aliments, c'est très... salissant. Sachez-le, on ne peut inviter impunément un pot de Nutella dans ses draps. C'est aussi assez collant. Et hygiéniquement parlant, ce n'est pas vraiment recommandé. Nos parties intimes n'apprécient en fait que très moyennement tout ce qui est sucres, acides ou lipides. Autre problème, et pas des moindres, certains aliments (la chantilly notamment) dégagent au contact de la peau, une odeur pas franchement excitante.

Finalement, la nourriture serait-elle un intrus dans le corps à corps amoureux ? Dans le sexe, après tout, c'est le goût et l'odeur de l'autre qui importent le plus. Mais, ne nous offusquons pas pour autant. La nourriture, à défaut d'apporter une réelle volupté à l'acte lui-même, offre à la sexualité une dose d'amusement qu'il serait triste de renier. D'ailleurs, si la transgression mène à l'orgasme, qu'y a-t-il de plus mal que de jouer - jouir - avec de la nourriture ? Un constat que l'industrie du sexe n'a pas laissé mourir dans l'oreille d'un sourd, puisqu'elle rivalise d'ingéniosité et de poésie pour proposer à ses ouailles toute une ribambelle de sextoys plus appétissants les uns que les autres : préservatif au bacon, cache-tétons en sucrerie, peinture aromatisées, slip en viande séchée, godemiché en chocolat, huile de massage parfum mojito, bonbon pétillant pour plaisirs buccaux, etc.

Alors pour conclure, accordons-nous sur le fait que la charge érotique de la nourriture réside au moins dans la mise en bouche. Qu'elle intervienne pendant les préliminaires ou avant, au moment du repas, quand le plaisir des sens s'empare soudain des plaisirs de la table et que la température monte doucement. Jusqu'à ébullition.

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