Comment goûter la haute cuisine italienne alors que votre visa pour le 8e a expiré ? Impossible de rallier Il Carpaccio ou la table de Niko Romito. Et pour peu que Passerini soit complet… Heureusement, voilà Amâlia, ouvert en mars 2024 par Cecilia Spurio et Eugenio Anfuso. Un couple plus italien qu’une Fiat 500 en tiramisu et au CV brillant de mille feux : Gagnaire et le Pavillon Ledoyen en pâtisserie pour elle ; l’Astrance et l’Ambroisie pour lui.
Dans ce quartier rompu aux néotroquets déglingués, leur salle toute blanche à fauteuils café au lait, ouverte sur la brigade à toques, ne va pas gagner le prix de la déco la plus fofolle (sauf peut-être « la table de l’enfer » pour celle coincée entre un poteau et les toilettes…). L’ambiance feutrée joue l’adresse haut de gamme pour dîner en amoureux, avec des prix au diapason de l’ambition (80 ou 120 €)
Les assiettes savent se montrer brillantes quand elles viennent titiller la cuisine italienne, comme cette araignée de mer, amandes fraîches et pamplemousse caressée par une bisque au café façon cappuccino ; puissants et marins de gnocchi, couteaux en persillade et panure, ou des spaghettoni à l’huître citronnés par la livèche. Finalement, c’est le plus « français » des plats qui nous a le moins convaincus, un canard escorté d’abricots rôtis et poivron manquant de relief. Si la cuisine est transalpine, la carte des vins (nature et pas donnée) reste majoritairement française et bourguignonne : Nicolas Rossignol (104 à 460 €), Fanny Sabre (95 €)… Une belle table chic qui gagnera à creuser ce sillon transalpin.