N’en déplaise à Sandrine Rousseau et aux gastro-entérologues, le barbecue connaît un retour de flamme dans les restos parisiens. Dernier en date, Ardent, qui déroule une déco bien dans l’époque : néo-gril à tubulures noires au plafond, carrelage blanc, bois blond, miroirs mouchetés… Et dans la cuisine plus ouverte que la fin d'Inception, rutile un barbeuc à charbon qui sera exploité de l'entrée au dessert de notre déjeuner. Une adresse gérée par l’Office en collab avec Bien Elevé, grands joueurs de copain-maillard avec des pièces de barbaque. Alors, à l’aise, braises ?
On ouvre le feu avec un poireau et poivrons timidement grillés, liés par une allègre vinaigrette aux olives sous le ciel bas et lourd de morceaux de pain léthargiques (12 €). S’ensuit un lingot d’échine de porc joliment rissolé sur une purée de maïs goûteuse mais douceâtre que ne rattrape pas la sucrine, braisée, soit, mais dans son trop simpliste appareil, sans assaisonnement aucun (25 €). Un plat qui réclamait l’intervention d’une sauce acidulée et/ou piquante pour trancher le sucré et réveiller la sucrine : une simple sauce vierge, un chimichurri… ? Et en dessert, une réussite de glace au poivre et ganache au chocolat fumé sous trois triangles de dacquoise grillée qui ne trouvent pas vraiment leur place (12 €).
La carte de vins naturels finaude (blanc du domaine Binner ou rouge de Matthieu Barret à 9 € le verre quand même) ne suffit pas à faire passer le chat de la déception dans la gorge... Comme quoi, il ne faut pas toujours prendre les promesses torrides pour ardent comptant car le spectacle pyrotechnique du barbecue ne dispense pas de servir des assiettes (vraiment) cuisinées. L’enseigne, encore tiède, saura-t-elle trouver le feu sacré ?