Du comptoir en rez-de-bitume des Enfants du Marché à ce Au Top au 7e étage, Masahide Ikuta a pris deux beaux ascenseurs. Le premier, planqué au fond de la cour à gauche (sans indication, histoire de surjouer la table d’initiés) pour s’installer dans cette adresse sous toile et sur toit en face de la Perle (du même taulier). Et un ascenseur sociétal en métal précieux puisqu’on ne croise ici que des additions stratosphériques et une population capable de les payer sans déglutir bruyamment.
Malheureusement, chez Au Top, tel un clubbeur savoyard tournant au bicarbonate, on a l’altitude mais zéro montée. Les assiettes « braise en ville » aux intitulés alléchants tombent complètement à plat. Avec l’entrée oursin et fondue de poireaux (32 € !), la douceur iodée espérée sombre dans un banal beurre blanc. La lotte et le céleri, grillés au foin (36 €) n’offrent rien d’autre que du fondant, le corail d’araignée faisant tapisserie. Vous êtes végétarien ? Il y a une unique ligne pour vous sur toute la carte (une entrée). Si cela ne vous rassasie pas (ni ne vous coupe l’appétit), il faut vous rabattre sur une improvisade de légumes grillés, collés en panique les uns aux autres, sans liant, ni logique (24 €). Incompréhensible en 2022.
Deux choses à sauver : une tartelette praline bien crousti, accompagnée d’une glace pistache avec – enfin – un goût tranché (20 €) et une carte de pifs nature qui fait le taf si vous avez les moyens (éclatant ardèche blanc d’Andrea Calek à 11 € le verre, loire de Zoé Puzelat à 49 € la quille…). Il va falloir mettre un gros supplément d’âme et de précision pour éviter le flop à ce Au Top.