Petite sœur germanopratine de l’adoré Narro, Baillotte a allumé depuis peu un joli feu dans la rue du Dragon, à un roulement de maki des adresses de Lignac. L’ancienne pizzeria a opéré sa mue en cette classieuse auberge à étage, murs verts, guéridons marbrés et grande cuisine vitrée. On peut y voir s’ébattre le chef Satoshi Amitsu, prodige japonais passé chez Georges Blanc. Au programme, précision gastro-nipponne et sauvagerie bien maîtrisée où des légumes venus du marché d’Iéna, poissons sauvages et chairs racées se mêlent aux jus corsés, voile de gelée, condiments stridents et autres huiles d’herbes – signatures du chef.
Dans l’accorte formule déjeuner (34 €), le thon rouge mariné et tomate brûlée au poivre pamplemousse, fromage frais et vinaigrette framboise offrent une entrée en matière vive et stylée ; avant une variation de morilles farcies, asperges vertes et écume lavande qui envoie du sous-bois. En dessert, le feuille à feuille de chocolat noir, crémeux cacao et glace à l’huile d’olive a des raisons de plastronner.
Le tutu n’est pas en reste avec de séduisants crus nature finement sélectionnés par Thomas Legrand, comme ce capiteux riesling serbe d’Estelle et Cyrille Bongiraud (11 € le verre) ou ce divin côte-de-brouilly Elixir du domaine des Fournelles (45 € la bouteille). Enfin une bonne raison de s’attarder dans ce quartier sans y laisser son PEL – mais attention : le soir, l’addition s’échauffe nettement.