Un doux dawa règne chez Boucan, primo-troquet de Basile et Paul Eidel (ex-JaJa dans le 9.3), deux frères portés sur la réunionite. Pas cette tendance pénible à organiser des briefings à tout-va en présentiel ou distanciel. Non, chez eux, la Réunion se vit en bouffantiel et votre N+1 est remplacé par une bouteille de rhum. Car dans leur bouclard à murs de pierres blanches, carrelage bleu-vert et sol de bois blond, les frangins créolisent la bistronomie métropolitaine de touches inspirées de leur île grand-maternelle. Résultat ? Des twists inspirés et du doigté dans l’aigre-doux qui nous changent de ces cartes où l’on a l’impression de dîner en rond.
On se fait fumer d’entrée par deux belles tranches de poitrine de cochon boucanées, laquées et kumquatées (9,50 €). Avant de prendre l’amer d’une endive braisée filant doux sur une crème moutardée et perlée d’œufs de truite (10 €). Puis, on fait péter le plat du soir : un chou farci de chair à bouchon, cette bouchée vapeur au porc, veau, coriandre, gingembre et cumbawa qui colmate les petits creux tropicaux – écumé ici d’un sabayon soja-sriracha (23 €), que l’on poursuit de la langue jusqu’au fond de l’assiette (un kif !) avant une crème brûlée vanille qui fait le taf en dessert (8 €).
A boire ? Une courte liste de pifs nature comme ce blanc de Savoie sprinteur vinifié par Axel Domont, ancien coureur du Tour de France (44 € la bouteille) ou ce profond gamay nord-rhodanien du talentueux Simon Gastrein (45 €). Et bien sûr, on ponctue le tout d’un ti-punch pour le sport (7 €). Bref, un bistrot en herbe qui boucane déjà haut et fort.