Coincé entre la file d’attente des clubbeurs du Gibus et les kebabs pour les sustenter, Cavalier a trouvé dans ce tronçon de rue une piste inattendue pour faire trotter ses ambitions : un bar à vins/cocktails/restaurant tout en longueur tant dans l'espace que dans le temps avec un service jusqu’à 5h du mat’ pour les oiseaux de nuit fines gueules.
Jusqu’à 22h30, l’Italien Michael Aldibek, ancien de Soces, régale autour de “petites assiettes” dont l’idée colle, une fois n’est pas coutume, à l’esprit bistroschlague du lieu. Les intitulés, pas fanfarons mais totalement dans l’époque – un peu de street food, un peu de fusion, un peu de franche canaillerie – sont prometteurs. Et l’exécution confirme : décadente cervelle frite avec aïoli et gelée de pomme verte, épis de maïs laqués d’épices à ronger jusqu’à l’os, ou plus attendus mais impeccables agnolotti aux crevettes et bisque rafraîchie à la chlorophylle de persil. Tout est percutant et assumé. Après 22h30, le chef va se coucher, le son monte et la carte se réduit mais on peut encore grignoter un élégant vitello tonnato ou des charcutailles soigneusement sélectionnées. On y voit parfois les équipes des restos du quartier venir décompresser après le service.
La cave est cornaquée par Prune Moirenc, qui propose des classiques en bio raisonnablement tarifés : muscadet domaine de l’Ecu (32 €), Clos Tue-Bœuf de Puzelat (30 €), sylvaner Intemporel du domaine Charles Frey (36 €). Tandis qu’au shaker, Léo Nicaud, venu du bar des Ferrailleurs, twiste ses classiques sans effrayer les âmes sensibles – son Old Fashioned rajeuni au miso a de la gueule et le Paloma in Paris au mezcal et pamplemousse est bien moins cruche que sa cousine Emily.