Dans la famille Kunitoraya, on demande… le gastro incandescent. Après Udon Bistro, Stand Tora et Onigiri Bar, Masafumi Nomoto continue son ascension de la rue Villédo à l’enseigne de ce Charbon hardi et ardent. La salle offre un savant mélange de bistrot 1900 (miroirs piqués, moulures et crédence faïencée) et d’izakaya moderne où deux immenses tables en cerisier se dressent face à face. Le chef Masa y envoie pour une dizaine de nippophiles avertis un menu (120€ !) omakase ascendant volaille qui casse la barbaque.
Parmi les plats nous ayant particulièrement marqués : le quintet d’entrées cosmiques (asperge blanche et dashi, œuf de caille fumée et croquettes de pomme de terre au matcha, chawanmushi aux petits pois…) et la cuillère de thon toro à la texture éthérée, coiffée de quelques grains de caviar. Mais aussi quelques-uns des neuf yakitoris léchés par les flammes d’un binchotan rougeoyant, servis à une cadence dont seuls les Japonais ont le secret : cuisse de poulet fermier juteuse abritant un cube de céleri-rave et truffe blanche, boulettes de poulet nickel, poudre de poivre vert et jaune d’œuf confit… Avant une soyeuse glace à la fraise constellée de fleurs de cerisier séchées et crème au wasabi qui fait boum !
Pour abreuver les palais en feu : quelques bons coups à faire côté carte des vins (solera de Ruppert-Leroy à 90 €, chablis du domaine Pattes Loup à 55 €), du saké aromatique junmaï Ginjo Minami (13 € les 10 cl), à moins de se cotiser pour une bouteille de romanée-conti 2007 à 22 000 €, pas un de plus.
Une adresse qui marque le porte-monnaie au fer rouge, certes, mais tout au long de ce menu grandiloquent, le bonheur vous jappe au nez !