Le saviez-vous ? Chenapan, qui signifie aujourd’hui « gentil garnement », désignait à l’origine un bandit de grand chemin. Bon, la peur de se faire détrousser s’évanouit assez vite quand on pousse la porte de ce mignon resto de poche où 18 couverts rentrent au chausse-pied. Murs vert pinède, table en cuir, fond pop, le format idéal pour un repas à deux, les yeux dans les yeux. Cette adresse a été portée sur les fonts baptismaux par deux copains, Bruno Laporte (en cuisine) et Florentin Fraillon (en salle), qui se sont rencontrés chez Ze Kitchen Galerie.
Plus que dans le grand banditisme, le jeune chef s’est spécialisé dans les sabayons et les mousselines, qu’il décline à l’envi dans un menu en cinq temps asiatisant et ultra copieux. On croise ainsi un éclatant bol de moules au bouillon thaï et dés de soubressade (une saucisse épicée) sous une mousseline de courge ; des Saint-Jacques snackées emmitouflées dans un sabayon au Noilly Prat et électrisées par un condiment au tamarin malin ; un canard en deux temps – magret au binchotan et cuisse confite – très généreux mais un peu empêtré dans sa purée d'héliantis, avant de terminer avec un dessert subtilement régressif autour du blé (en praliné, en crème, soufflé, en miso). Si vous avez un appétit d’oiseau, voletez vers le menu en trois temps !
La carte des vins bio ramassée se montre assez sage et pas spécialement donnée : saumur d’Arnaud Lambert (59 €), côtes-du-roussillon d’Olivier Pithon (86 €), condrieu Coteau de Vernon du domaine Georges Vernay (228 € !)… En conclusion : un resto impec pour un date mais qui gagnera en amplitude quand le chef osera être plus punk que chenapan !