Où se cache l’inédit en 2023 ? Où faut-il aller pour faire lever le sourcil au Parisien revenu de tout et étonné de rien ? Plutôt que de monter dans des lignes de bus à trois chiffres, on vous propose de vous rendre… place du Tertre. Oui, la place du Tertre de la butte Montmartre, avec ses maisons trapues, ses caricaturistes dûment autorisés et sa vue sur les dômes maudits du Sacré-Cœur. Là, à l’épicentre du tourisme de masse, une jeune équipe trop sympa menée par Jonas Seignovert a repris Chez Eugène, brasserie historique de la butte, avec une ligne claire comme un Tintin : pas de réchauffé – pourtant rentable – ni de piquette pour Ricains.
On affronte les escaliers pour les deux vedettes du lieu. D’abord la méga-terrasse déployée sur les pavées de mi-mars à mi-octobre. Ensuite la carte des vins XXL, un bottin de plus de 600 références nature (précieusement gardées dans une cave de l’autre côté de la place) à prix très tenus pour de telles coordonnées GPS. On y croise une majo de petits vignerons avec une ou deux cuvées à leur actif : ardèche à haute picolabilité Un Hiver sur la Lune d’Etienne Seignovert, frère du taulier (36 €), lactique et au taquet loire Bonnets, Bonnettes et Bonichons de Pierre Gobet et Myriam Filleton (34 €) mais aussi des canons de cadors comme Lapierre ou Lapalu.
Ces nectars s’accompagnent d’honnêtes assiettes brasserie : escargots de Bourgogne bien ailés (15 € la sizaine) ou secreto de cochon grillé et pommes persillées (18 €) au jus qui aurait mérité un poil de réduction supplémentaire. En revanche, rien à reprocher à la planche sourcée comme jamais : mélange de charcute ibéro-auvergnate des maisons Dutrévis et Au Pays ; fromages de caractère du Cantal et de la Laiterie de Paris (24 €) à coucher sur du pain (tiède !) de Thierry Breton… Voilà,maintenant, vous savez où aller pour votre prochain apéro, tous les jours de la semaine.