A trois chaussures (taille 73) du cirque Bouglione, le Clown Bar a longtemps servi de cantine aux saltimbanques voisins. Un bistrot de quartier canonique dont le passé plus que centenaire est toujours vissé au plafond où s’exhibent belles boiseries Art déco et céramiques circassiennes colorées. Mais de nos jours, c’est en cuisine que l’on trouve les funambules.
Après Sven Chartier en duo avec Sota Atsumi (installé à Maison), puis Luis Andrade (parti au Fripon), c’est au tour du Coréen Jung Yonghoon de faire tourner les assiettes : des pirouettes de bistrote acrobatiques en petites rations qui valent bien une standing ovation. Sur la piste ce soir-là, des panisses superposées comme des Kapla fondants et mayo à la harissa (10 €), d’émouvants pleurotes poêlés et éclats de châtaigne dans une crème à l’ail noir létale (12 €) ; une trouvaille de seiche snakée sur de tendres poireaux savamment condimentés de pickles de radis (15 €). Et le clou du spectacle, la célébrissime cervelle pochée du Clown, cette fois-ci dans un envoûtant bouillon dashi (14 €), suivie en dessert d’un habile sorbet mandarine, main de bouddha confite et meringue (10 €). Le clown ne rigole pas alors le midi, pour s’échauffer, il joue aussi une formule entrée-plat-dessert (38 €).
Et en coulisses, il couve l’une des caves à vins naturels les plus waouh de Paris : au verre, blanc italien macéré de Matteo Ceracchi (7 €) ou rouge poivré de Loire par Christian Venier (8 €) et à la bouteille, des verticales de Pacalet, Pfifferling, Puzelat, Rietsch (dès 40 €)… Chap(it)eau les artistes !