Alors que la bistronomie des années 2000 s’est embourgeoisée comme un boomer neuilléen et que le revival des bouillons marque le pas, la nostalgie hype une nouvelle icône de la bouffe parisienne : le rade de quartier.
On avait bien aimé le Blainville ou l’Orillon, et voilà que déboule Cornichon, posé à l’ombre de l’église Saint-Joseph-des-Nations (celle de la rue Saint-Maur). Le duo de potes Paul Henri (en salle) et Bertrand Chauveau (aux fourneaux, ex de chez David Toutain) n’y vont pas avec le dos de la main morte pour singer un rade giscardien : flipper, néon en vague au-dessus du zinc inox et comptoir à loto (les habitants du 11e jouent-il vraiment au loto ?).
Et on aime bien l’idée de dépoussiérer le concept de semainier à prix gentil (22 € la totale). Les intitulés rugueux (carottes râpées, spaghettis boulettes…) cachent des assiettes drôlement finaudes comme, ce jeudi-là, des concombres à la crème bien ailés ; une sapide joue de bœuf sous un buisson de haricots verts croquants rehaussés d’une crème au hareng fumé ; et une crème caramel topée d’une huile de vanille. Le soir, l’adresse se plie à la tradition des tapas avec brochette de cœurs de canard, frites à la graisse de bœuf, terrine de foie de volaille… Au-delà du décorum, une chouette table.