Il y a eu Pristine dans le 9e, voilà maintenant Dandelion, éclos début mai 2024 sur cette charmante placette du 20e. Après les prénoms d’aïeules, est-ce le début d’une nouvelle mode de noms de resto à partir de mots anglais d’origine française – ce qui confirmerait la thèse du linguiste Bernard Cerquiglini : « L'anglais n'existe pas, c'est du français mal prononcé » ?
Pour nourrir la réflexion (et son estomac), allons donc nous attabler chez ce « dent-de-lion » (soit un pissenlit) planté par le couple Antoine Villard, le chef, et Morgane Souris, la sommelière. Ils ont transformé cet ancien bar coloré en un élégant bistrot épuré, plus chicos que chicot, à murs blancs, sol béton et suspensions opaline. Le court menu (sans formule midi) propose des produits de saison et de recettes du terroir (foie gras, bouillabaisse) qui se colorent de souvenirs de la cuisine asiatisante de Double Dragon où le chef fit ses armes.
Apportés par des garçons aussi prévenants qu’efficaces : une sardine tiède avec épinards embeurrés et graines de tournesol croquantes enflammée par une sauce thaïe pimentée puis un somptueux ris de veau rosé, laqué de soja et caressé par une anchoïade pour un terre-mer franco-asiatique bon à lécher l’assiette. Le chou à la tropézienne ni trop sucré, ni trop vanillé, finit de nous convaincre qu’avec Dandelion, la bistronomie a encore du mordant.