Quand on sait qu’on en jette 150 000 tonnes par an en France, on se dit que le pain de la veille mérite une deuxième vie. C’est le parti pris très louable de Martin Herbelin et Adrien de Dumast – déjà à l’origine du chouette Pass Food Trip –, qui se proposent de récupérer les invendus des bonnes boulangeries de l’Est parisien (MaMi, Landemaine,Tranché ou Terroirs d'Avenir) pour les remettre en vitrine à prix cassés dès le jour d’après. Des miches au levain encore souples, des viennoiseries à peine fatiguées, des brioches toujours désirables que nos glaneurs vont chercher dans leur Kangoo ramasse-miettes pour les remettre sur le marché dès potron-minet, à moitié prix, dans leur dépôt carrelé de blanc.
On a goûté la miche tradition (2 €), comme neuve ; une grosse part de babka au chocolat légèrement desséchée mais qui a ressuscité après un passage au four (3 €) ; un pavé de pain brioché impeccable en tartine après une séance d’UV au grille-pain (4 €) ; un chausson aux pommes affaissé mais pas moins replet que la veille au soir. Ils font du café à emporter (1,50 € l’expresso), et, l’autre jour, dealaient des pains choco-amandes, des cinnamon rolls ou des viennoises au chocolat à 1 €, un grand kouglof très présentable à 3 € et une large variété de brichetons entiers au sarrasin, au petit épeautre (2 €) ou noisette-raisin-figue (3 €) – à saisir jusqu’à épuisement des stocks du jour. Bref, un projet qui met un bon pain dans la gueule du gaspillage ! Et de l’inflation, au passage.