“Salut, ça biche?” On a osé cette blague douteuse (et on a quand même été servis) en se pointant devant ce comptoir ouvert sur la rue qui bicrave le sabich. Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle variété de weed mais du casse-dalle star de Tel-Aviv, kiffant fourre-tout végétarien qui contient plus d’ingrédients que le dressing de Paris Hilton de chaussures. Car traditionnellement, son accueillante pita recelait tous les restes du petit déj’ de shabbat des juifs d’Irak : aubergine sautée, œuf dur, patates, tahini, houmous, oignon, chou rouge, concombre, tomate, herbes…
Bref, un mezze dans du pain importé à Pigalle par David Israël et Marc-Antoine Dudouit, dans leur planque à carreaux bleu ciel et noir au lettrage style Bauhaus telavivien, décoré par Mur.Mur Architectes. On se croirait devant un comptoir d’aéroport 70’s, à l’époque où ça fumait des Gauloises à bord et où les costumes Air France étaient designés par Balenciaga… Mais chez Dizen, il n’y a qu’une destination sur la carte : Sabich, en vol direct, accompagné ou non de ses falafels de rigueur et de limonana (une bonne citronnade maison à la menthe, 13 € la totale).
Autant dire que ces monomaniaques bichonnent leur pita, pleine à craquer de chou, céleri, oignon, harissa verte maison, aubergine frite à la farine de polenta, œuf mollet cuit dans un vaillant bouillon, betterave attendrie en croûte de sel et amba maison, cette sauce aigre-douce à la mangue et au fenugrec… Un fracasse-dalle ultra-texturé et savoureux que l’on déballe posés sur un banc du boulevard de Clichy. Ah, et pourquoi Dizen ? Pour Dizengoff, célèbre rue de Tel-Aviv et non pour la dizaine d’ingrédients qui composent le sabich. Sinon, le lieu aurait plutôt dû s’appeler Douzen.