En 1995, Lars von Trier et Thomas Vinterberg publiaient Dogma95, un manifeste assez vénère pour un retour à un cinéma du ici et maintenant, sans afféterie ni effets de manche. En 2023, c’est poussés par cette volonté de renouer avec le minimalisme autour du produit que le chef canadien Jordan Robinson (passé chez Frenchie) et Mathieu Grichois, qui ont déjà Pompette, lancent leur Dogma à eux. Le produit en question n’est pas la cervelle d’alpaga (ouf, on n’aime pas trop ça) mais le fried chicken, spécialité bien-aimée à laquelle on a consacré un dossier. La déco de leur guitoune de 10 tabourets hauts pousse à fond les potards du minimalisme : béton brut, inox brillant et miroir géant. Le menu est de la même eau avec un poulet frit décliné en deux recettes (classique ou spicy) à manger en filet ou dans un burger et basta.
On opte pour la formule à prix d'ami (16 €) avec une maousse paire de filets classiques, marinés à la saumure puis au lait ribot, et frits dans deux bains. Le résultat déboîte : la chair reste juteuse et on boulotte les dernières miettes de la panure épaisse comme il faut, bien croustillante et agrémentée d’épices. Ces filets convolent avec un buttermilk biscuit (une sorte de scone US). L’idée – louable – était sans doute de faire comme en Louisiane pour le manger avec le poulet, mais il s’avère bien petit pour se mesurer avec les deux solides filets. On l’oublie donc un peu dans un coin du plateau. Sinon, on a droit à des grenailles frites tout à fait correctes et des sauces maison bien roulées : moutarde au miel, mayo aux épices… Pas de dessert car le Dogma, c’est du minimalisme on a dit.