C’est dans un ancien relais de poste qu’on (se) pointe désormais pour se hisser le long d’un guichet transformé en bar bétonné, avec rutilant carrelage vert sombre et nébuleuses suspensions nuages de Céline Wright. Ce décor, on le doit à l’architecte Rodolphe Albert, déjà aperçu à la bougie chez Shabour, qui chantourne ici un lieu dans une trempe beaucoup plus minimaliste.
Ni énième comptoir à sushis ni izakaya intimiste, la nouvelle fantaisie de Romain Taieb (Le Piaf, feu Nanashi et autre Bambini) et de Thomas Moreau se veut… un bar à rolls. Soit une impressionnante machine humaine à produire des makis long format, que l’on déconseille vivement de gober en une fois.
Aux commandes, sous une structure géométrique de verre et de bois – et les baguettes du chef colombiano-japonais Andres Ramirez –, une joyeuse armada de jeunes équipiers s’affaire à fourrer chaque croustillante algue nori d’un riz rond à peine tiédi, dans lequel on aura préalablement alangui saumon, yellowtail, ventrèche de thon et autre homard – ou, ce jour-là, en parfait invité, la chair charnue d’un gros crabe flambé.
Une carte réduite à son plus simple appareil donc, là où l’on aurait pu craindre un dérapage mal contrôlé vers de malheureuses déclinaisons exotiques. Parmi les petits à-côtés, salade de concombre piquante à souhait, edamame un poil mou ou encore tartare de thon rouge passé à la moulinette. Dans les verres dés à coudre, une délicieuse – mais resserrée – sélection de trois sakés, mais aussi bières, gins et whiskies japonais, avant de terminer par un thé genmaicha dans lequel on amollit quelques moelleux mochis. En bref, enfin une bonne adresse dans cet arrondissement où se donner rendez-vous le cœur battant.