Avouons que cette cantine japonaise immaculée ne va pas s’imposer comme le meilleur endroit pour emmener un date avec ses deux grandes tables communes où l’on aspire des nouilles au coude-à-coude avec ses voisins (ce jour-là Roschdy Zem, bon courage pour garder un eye contact !). Mais si vous cherchez l’une des meilleures adresses de ramen de Paris, alors voilà un très sérieux candidat.
Derrière le comptoir inox, en capitaine de marmites fumantes, Keiko Matsui (Togo de son nom de jeune fille) envoie ses bols d’or de sobas so bonnes, chaudes ou froides, aux recettes pas vues partout : pâtes au radis blanc râpé et porc pané ; igname et œuf ; aubergines frites et prune salée… Pour un resto de ramen, les entrées sont loin de faire de la figuration. Les aubergines frites marinées dans un délicat dashi fondent délicieusement sous la langue. Et on était à deux doigts d’intercepter l’assiette de sushis de maquereau, riz heshiko et radis qui nous est passée sous le nez.
En soupe, on opte pour un nishin soba, où, dans une céramique brute, barbotent des morceaux de hareng fumé (mais oui) au milieu de souples nouilles au sarrasin, fabriquées du matin. Ample et rassurant bouillon ; touches sucrées-salées réveillées par des tranches de gingembre marinées : du réconfort liquide en ces temps d’automne. A noter que, l’été, une recette froide au citron rafraîchit plus sûrement qu’un bain dans la mer du Nord.
Le repas se clôt avec un onctueux de flan au thé au sarrasin. Tout cela s’escorte de thé vert nippon (4 €) ou de saké de Fukui (11-16 € le verre). Du chaud, du doux, du bon : que demander de plus ?